Le film très noir du jeune cinéaste Arthur Harari nous plonge dans l'univers des diamantaires à Anvers. Ce cadre sert de prétexte pour mettre en scène un drame familial. Le spectateur sent qu'il va assister à une tragédie autour des non-dits et des secrets de famille mais le suspens persiste. Les premières images-choc sont le point de départ de la quête de vengeance.
La caméra, c'est "l’œil" omniprésent dans le film, détaille les diamants comme elle détaille les personnages qui évoluent, à l'instar du héros (Niels Schneider). Le diamant, magnifiquement filmé, est le symbole des multiples facettes de l'être humain, rien n'est jamais définitif, même les vérités peuvent avoir différentes facettes. La famille non plus n'est pas ce qu'elle semble être au premier regard. Personne n'est parfait, chacun a ses failles, le spectateur ne prend parti pour aucun personnage, aucun n'est attachant. La thématique d'une vengeance est certes très classique, mais ici le scénario de la vengeance élaboré par le héros lui échappe. La mise en scène et les acteurs de qualité donnent du relief. Chaque plan filmé a sa propre valeur, rien ne semble superflu, tout est précis et soigné, les paroles sont concises. On peut reprocher une certaine lenteur, mais elle permet d'imprégner le spectateur d'un monde qu'il ne connait pas, et la lenteur n'est en aucun cas ennuyeuse - on est loin du cinéma spectaculaire.
La ville d'Anvers ou Antwerpen (nous n'en dirons pas plus sur la signification du nom en flamand), les diamants, une famille juive avec son passé, les conversations en plusieurs langues, français, flamand et allemand, vérité et contre-vérité, la vengeance, tant de sujets pour faire un thriller original et très réussi !