Le thriller est un genre que j'apprécie bien au cinoche, du moins quand il "assure" avec un peu d' originalité, en évitant les grosses ficelles. "Diamant noir", d'A.Harari est de ce genre : c'est un suspense fort bien mené, assez Hitchcockien peut-être dans la mesure où il fouille le mental des personnages principaux, le replaçant dans un contexte familial complexe caché derrière la belle façade de leur quotidien. Par une habile alternance entre les scènes intimes nous permettant d'entrer dans l'intériorité des personnages et les scènes d'action ou de préparation à l'action, le film assure, donc. Il crée la tension par la frustration chez nous de ne pas en savoir plus, plus vite. Par ailleurs, il est original en ce qu' il nous donne à découvrir le microcosme des diamantaires juifs d'Anvers (et contre tous, haha), leur fascination pour le scintillement absolu, et la technique de la taille qui leur offre une chance de s'en approcher...
Un jeune homme, Pier, coincé dans sa vie de bricolages un peu louches à Paris, apprend que son père, fils d'un riche diamantaire anversois, est mort dans la rue, sans rien laisser d'autre à Pier que la rancoeur contre sa famille. Pier va tenter de s'infiltrer dans cette famille, feignant de vouloir renouer à l'occasion de ce deuil, pour aller jusqu'à la vengeance qu'il croit nécessaire et juste...
La scène d'intro nous cloue au fauteuil et annonce la couleur de ce suspense tout en finesse, qui nous ouvre un par un les placards d'une famille friquée, où semblent bien cliqueter pas mal de squelettes : l'autorité d'un père et son amour aussi, les fragilités d'un fils et sa noirceur aussi, la fortune familiale et sa précarité aussi... Dans le déroulé brillant de ce petit bijou, chaque facette qu' Harari met à plat nous suggère qu'il faut abraser prudemment, sans arrondir les angles, pour faire jaillir la lumière en créant des fenêtres. Grâce à elles, quand enfin les masques tombent, la complexité et la puissance des liens familiaux se fait jour d'un coup et Pier, que l'on croyait au plus près du Graal, doit prendre du recul. A poncer trop près de l'os, il a commis l'irréparable et ses certitudes, comme les nôtres, s'évanouissent plus ou moins. Un film aussi fort que subtil.