Cyril Dion est , je crois, co-fondateur du mouvement Colibris, en tous cas il a milité avec Pierre Rhabi qui apparaît d'ailleurs dans le film. Dion signe ici avec Mélanie Laurent un documentaire généreux, bien construit et optimiste. Mais sans "béni-oui-ouisme" béat, et ceci pour deux raisons à mon sens.
La première : si les messages alarmistes ne sont pas dominants dans le film (
encore que les séquences montrant la navette des bulldozers dans les sables bitumineux du grand nord ou encore les brefs plans tournés dans des élevages industriels de volailles fassent bien froid dans le dos...
), la raison nous en est bien précisée : l'humain lambda, le consommateur béat de nos sociétés de nantis reçoit mal les messages moralisateurs, culpabilisants et anxiogènes dont on commence à avoir l'habitude maintenant. Dion et Laurent en ont bien pris conscience. Il leur fallait trouver une attaque positive, et c'est ce qu'ils ont fait en cherchant à nous donner envie de rejoindre le clan de ceux qui essayent de faire leur part (comme le colibri qui dépose inlassablement ses gouttes d'eau pour éteindre l'incendie de sa forêt, aurait pu nous rappeler P.Rhabi qui compare dans le film nos comportements à ceux des grands prédateurs, sans nous donner la préséance en matière de bon sens). Ils s'attachent à nous montrer des tentatives dans des endroits du monde ayant eu à souffrir de la crise en Europe, aux USA, et en Inde (
mais pas en Chine, pas en Russie, pas en Amérique du sud et pas non plus en Afrique si j'ai bien tout retenu, ce qui fait qu'il manque du monde quand même...
), tentatives donnant localement des résultats prometteurs, porteurs d'espoir pour ceux et celles qui essayent de les mettre en oeuvre. Par là, ils nous donnent envie de croire à de possibles lendemains qui chantent, envie de commencer par un changement de nos propres comportements...
La deuxième tient aux sujets dont parlent les 2 chapitres les plus sombres : la finance/économie d'une part, la politique d'autre part. Là peut-être, le bât blesse un peu. Je veux dire que si j'ai compris l'esprit, si j'ai eu envie de coups de pieds dans ces 2 fourmilières, c'est parce que les choses nous sont présentées simplement, mais sans ménagement pour les arnaqueurs qui nous amènent dans le mur. Pas de "béni-oui-ouisme" donc, là non plus. Malheureusement, je suis resté plutôt sur un sentiment de frustration à l'issue de ces deux chapitres, avec le sentiment que les argentiers et les politiques en place sont du genre à vendre chèrement leur peau, sûrement pas à céder du terrain facilement. Difficile d'éradiquer le pessimisme...
Heureusement, le final a trait à l'éducation, et c'est une force de ce film. Espérer laisser à nos enfants une terre viable pour l'homme sur le long terme, ça suppose de les éduquer à l'importance du partage. Je reçois le message 5 sur 5, j'y adhère et j'applaudis, comme l'ont fait avec moi les spectateurs au générique de fin, dans la salle où j'ai vu le film.