Abordant un sujet qu’on a peu vu au cinéma, "Un français" débute de façon trépidante, avec des skinheads qui s’en prennent à des jeunes. Le ton est donné : la violence sans détour et la grande intensité de la première scène met le spectateur dans le bain immédiatement. Et c’est ainsi lors de l’ensemble des scènes d’agressions, ultra-violentes. Pourtant, dès l’entame, on sent que l’un d’eux n’est pas si mauvais, attentionné qu’il est envers ses parents, notamment son père. Ainsi Diastème nous invite à suivre le parcours de Marco durant de nombreuses années. On remarquera le travail d’archives remarquable auprès de l’INA pour les retransmissions télés, parmi lesquelles la chanson de Julien Clerc "Fais-moi une place", que je pense choisie méticuleusement. Le détail poussé à l'extrême fait de la première demi-heure un moment de très grande qualité, d’autant plus qu’Alban Renoir est véritablement bluffant. Qu’il soit tout calme, en plein pétage de plomb, parfois à la limite de la folie, ou en méditation sur lui-même, ce comédien que je ne connaissais absolument pas étonne, émerveille, époustoufle le spectateur de l’étendue de son talent. Avant de rentrer doucement dans le rang, en simultané avec l’apparition des facilités scénaristiques. Le passage d’une époque à une autre se fait sans transition. cette maladresse, ou pour être moins gentil ces facilités scénaristiques, a tendance à désarçonner un peu le spectateur, qui a besoin d’un peu de temps pour refaire le lien. La lente et longue rédemption est bien retranscrite dans le temps avec les années citées, mais l’impression hachée reste durablement dans la continuité du récit, donnant un aspect pas suffisamment développé à cette renaissance. Pourquoi ce revirement ? On ne sait pas
, bien qu’on nous montre le héros en crise d’angoisse
. Comment ce changement d’idéologie se construit ? On ne sait pas
, même si on voit que Marco vole de petits boulots en petits boulots
. Et encore, je ne parle pas de la fin qui laisse le spectateur sur sa faim. C’est dommage, le potentiel était là, et je ne peux m’empêcher de penser que ce film était un chef-d’œuvre potentiel.