Sortie de salle. Je ne ressens rien ; comme si je sortais du boulot… Je m’interroge. Je me rends soudainement compte que ce film ne m’avait strictement rien fait. Pourtant il est plutôt beau formellement parlant ; sobre comme je sais parfois les aimer. L’histoire n’était pas dénuée d’intérêt ; l’univers dans lequel se déroulait ce film avait son identité ; l’interprétation était à la hauteur… Et pourtant, rien… Pourquoi rien ? En rentrant du cinéma, je me questionne. Qu’est-ce qui fait que certains films nous tiennent à la gorge et d’autres non ? Ça dépend des gens, certes, bien évidemment. Mais pourquoi, sur moi, ce film n’a eu aucun effet ? J’ai cherché un peu et puis j’ai fini par trouver. Pour moi, le problème de ce film, c’est l’écriture. D’habitude, au cinéma, dans les séries ou dans la littérature, les intrigues qui finissent par me saisir sont celles qui parviennent à me faire oublier que je suis face à une fiction. Or, pour y parvenir, s’émanciper des artifices ne m’est jamais apparu comme une solution. Au contraire, les artifices se doivent d’être multiples pour duper le spectateur, pour l’imprégner pleinement et parvenir à le mettre dans une posture assez similaire à celle des protagonistes. Et c’est là, à mon sens qu’André Téchiné, et sa co-auteure Cécile Sciamma, ont totalement pêchés. A mes yeux c’était trop simple, trop lisible. Au bout d’un quart d’heure, le film semait déjà des éléments tellement évidents sur le « comment-du-pourquoi » de l’intrigue au point que celle-ci perdait déjà tout son mystère. Et malheureusement, me concernant, ce processus n’a fait que se confirmer régulièrement, de quart d’heure en quart d’heure. Chaque nouvel élément d’intrigue annonçait pour moi systématiquement les événements à venir et cela sans alternative possible (
la tension homosexuelle entre les deux jeunes hommes, le désir de la mère pour Tom, la mort du père, etc…
) Et le pire dans cette histoire, c’est que l’annonce a beau s’être faite de manière évidente, le film met pourtant des plombes à dérouler son intrigue, cherchant à entretenir une ambigüité pourtant éventée depuis longtemps… Et si encore le film tenait ses promesses… Mais, me concernant, ce n’est même pas le cas. Finalement, toutes ces questions abordées par ce long-métrage le sont de manière bien sages, bien consensuelles, et presque trop facilement. Il aurait été si intéressant que
Damien veuille et que Tom, bien qu’homo, ne veuille pas. Il aurait été tellement intéressant que la tension sexuelle entre Marianne et Tom soit plus forte et – pour le coup – plus ambigüe…
Mais non… Dans ce film, tout le monde est gentil… Tout le monde est bien sage. Trop peut-être… Alors oui, ce n’est pas désagréable d’avoir un petit groupe de personnages qui, comme ça, incarnent une certaine forme de vie paisible… Oui c’est reposant. Mais le problème, c’est que c’est trop mou, trop lisse, trop fade, par rapport aux enjeux proposés. Il n’y a pas suffisamment de dimensions de lecture au sujet des personnages et des tourments qui les animent pour qu’à mes yeux ils puissent dépasser leur simple statut de faire-valoir au service du propos. Ainsi deviennent-ils tous soit prévisibles, soit mous, soit creux. Tout cela manque d’audace selon moi, voire pire, tout cela manque de profondeur d’écriture. Au final « Quand on a 17 ans » a des allures de dissertation bien scolaire (avec la référence rimbaldienne s’il vous plait) ; une dissertation qui entend ne fâcher personne et surtout ne pas rompre avec le confort douillet de cet univers montagnard au fond bien relaxant. Alors oui, c’est beau… Mais bon, c’est aussi et surtout très timide et ultra-prévisible. Venant d’un vieux briscard comme Téchiné et d’une auteure aussi audacieuse que Cécile Sciamma, c’est quand même un brin dommage je trouve…