Ne boudons pas notre plaisir, André Téchiné revient avec un nouveau film plutôt plus réussi que quelques précédents, sans doute parce qu'il traite d'un sujet de prédilection ( ce délicat moment de la vie qu'est l'adolescence) et sans doute aussi parce qu'il s'est acoquiné au scénario d'une autre réalisatrice, elle aussi au regard pointu et affûté sur cet âge, Céline Sciamma.
Le film se déroule comme très souvent dans le Sud-Ouest, ici les Pyrénées, et durant une année scolaire, celle de la terminale S d'un petit lycée où Damien et Thomas sont élèves dans la même classe. Un peu solitaires, ils se regardent plus en chiens de faïence qu'en bons copains. L'animosité qui règne entre eux peut, au départ, passer pour une lutte des classes, l'un est fils de médecin, l'autre, adopté, vit dans une ferme très reculée. Mais petit à petit, il vont découvrir que cette envie de confrontation est l'expression animale d'une identité qui leur fait peur. Entourés d'adultes vraiment bienveillants, surtout la mère de Damien, et boostés par de graves événements, ils s'ouvriront petit à petit vers une acceptation de leur attirance.
Ce qui pourrait être une énième variation autour de la découverte de son homosexualité devient sous la caméra de Téchiné un grand film romanesque et sensuel. Que ce soit la violence ou la nature, les sentiments ou le quotidien d'hommes et de femmes normaux, le cinéaste a toujours un regard juste qui ne juge pas, laissant sa caméra capter les troubles, les désirs, les émois de personnages soudain magnifiés. Il installe un climat dramatique intense avec un trio principal où une mère apparaît, comme souvent, le pivot central d'une histoire qui se noue entre conscience et inconscience. Sandrine Kiberlain qui joue cette mère attentive et ouverte avec pertinence, a l'élégance de s'effacer légèrement pour laisser toute la place aux deux jeunes acteurs. Corentin Fila, que la caméra de Téchiné semble beaucoup aimer, s'impose sans problème face à Kacey Mottet Klein qui m'a paru mal à l'aise dans son rôle, sans pour autant nuire au film, la mise en scène du réalisateur s'avérant vraiment efficace. Au fil des saisons et des événements le film, avance vers la lumière d'un été radieux et une conclusion plutôt optimiste.
Donc très bonne impression de "Quand on a 17 ans " mais, oui il y a un mais, je ne terminerai pas sans faire deux remarques, une critique et une autre positive.
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