Alors que l’écrasante majorité des adaptations de bande-dessinée tournées en France échouent à produire le moindre ton singulier ou le moindre point de vue original, ‘Seuls’ est l’une des heureuses exceptions qui confirment la règle......peut-être simplement parce pour une fois, le projet a été confié à un réalisateur qui avait déjà fait ses preuves dans le cinéma de genre, et pas à un faiseur de comédie dont les choix esthétiques sont généralement larvaires. Pour rappel, ‘Seuls’ est un des plus gros succès récents de la bande-dessinée franco-belge, signé Gazzoti et Vehlman, dans lequel des ados se réveillent “seuls� dans la grande ville, dont toute trace de vie humaine semble avoir disparu. Je n’ai jamais ouvert une de ces BDs mais le film, qui ne couvre que les cinq premiers tomes, m’en a donné envie, ce qui est toujours bon signe. A la tête d’un troupe de jeunes acteurs, pas toujours au top mais dont aucun n’est à ranger parmi les erreurs de casting, David Moreau n’évacue ni les aspects ludiques de la situation, ni ses facettes angoissantes, avec l’apparition assez rapide d’un mystérieux personnage masqué qui traque le petit groupe. Le film n’avait que peu de moyens à sa disposition mais ceux-ci ont été remarquablement bien utilisés et les panoramas de la ville désertée par ses habitants, même si on en reste à une approche assez light typique de la BD franco-belge, n’ont pas grand chose à envier aux productions post-apocalyptiques venues d’outre-Atlantique. Evidemment, en regard d’une version papier qui prenait son temps pour installer le décor, ‘Seuls’ n’a pas le temps de développer en profondeur ses personnages et ses principales thématiques mais là aussi, on reste dans une moyenne tout à fait acceptable pour du cinéma de genre. Il n’y a que vers la fin, lorsqu’il faut bien apporter une explication au phénomène, que le récit commence à se précipiter et les événements à se téléscoper dans la confusion mais une fois de plus, pour ceux qui n’avaient aucune idée de la solution, la surprise est amenée avec un certain savoir-faire. Au vu de sa scène finale, ‘Seuls’ appelle clairement à une suite (il reste au moins une dizaine de tomes à couvrir) qui, vu le score modeste du film au box-office, semble compromise. Ce dédain qui afflige les adaptations de bandes-dessinées est, une fois n’est pas coutume, injustifié car ‘Seuls’ tient non seulement la route en tant qu’adaptation mais aussi en tant que première tentative de franchise ‘Young adult’ à la française, puisque les personnages ont été vieillis par rapport à la BD.