Je ne suis pas un fervent supporter du cinéma de Valérie Donzelli, j’avais (comme beaucoup) aimé “La guerre est déclarée”, mais j’avais a contrario détesté “La reine des pommes”. Alors, avec ce nouveau film au sujet un peu scabreux, il faut l’avouer, et une réaction très froide de la critique, je n’étais pas vraiment des plus motivés pour regarder son dernier long-métrage. Tiré d’un lointain fait-divers, scénarisé à l’origine pour François Truffaud, Donzelli reprend donc à sa sauce cet amour impossible et criminel, parce qu’étant l’amour incestueux d’un frère et d’une sœur. Le sujet prêtait donc, on le voit, le flanc au scabreux, mais grâce à une belle réalisation et à un scénario bien écrit, la réalisatrice est parvenue à éviter cet écueil. D’abord, elle évite de trop montrer le côté charnel de l’affaire, se concentrant sur les obstacles qui se dressent devant ce couple et sur les sentiments qui les unissent. Ensuite, elle ne se place pas dans une temporalité définie, au contraire elle mélange allègrement le XVII, le XVIII, le XIX et le XXème siècles, et ce, en faisant se côtoyer, costumes, moyens de transports et régimes politiques de ces différentes époques au point de créer un univers qui tient plus du conte fantastique que de la reconstitution historique, rendant le “tiré d’une histoire vraie” presque caduque. Cette façon de conter l’histoire et de la mettre en images nous fait - presque - oublier le côté inconvenant de ce qui est raconté pour nous laisser avec une histoire plus classique d’amour impossible. Le film, n’est jamais ennuyeux et les péripéties se succèdent tenant en haleine un spectateur qui à son corps défendant prend parti pour ce couple maudit. Une oeuvre au sujet risqué, dont la réalisatrice a réussi à tirer un film déconcertant où le spectateur, quelle que soit son opinion sur cet amour incestueux, peut suivre le film sans être choqué par ce qui est dit ou ce qu’il voit. Un beau tour de force. À voir par curiosité.