Imaginé par Spielberg, réalisé par Zuckerberg.
On peut reprocher à Ready Player One de n'être pas partiel. Un parti est pris sans équivoque, le film conclut seulement : "plus de métavers les mardi et vendredi", c'est tout. La méta-existance n'est pas mise en relief, l'abandon total d'un monde réel, non-idéalisé est prêché sans pudeur. C'est flagrant, c'est insolent, peut-être un peu fasciste sur les bords. Quelque part c'est prophétique. Le métavers ne nous est ni proposé ni offert, en fait il est déjà là et c'est non-négociable.
PS : Mais qui nous a demandé notre accord ? Qui nous a demandé si l'on voulait bien qu'un "fog éléctromagnétique" des ondes 5G parcoure notre ciel, qui a demandé à nos oiseaux s'ils voulaient bien que leur petit crânes soient traversés d'ondes sur-puissantes pendant leur promenades ? Bref.
En 2016, Mark Rylance, joue James Halliday dans Ready Player One. Il est le PDG de The Oasis, la méta-utopie dans l'oeuvre de Spielberg. En 2021 il joue Peter Isherwell dans Don't Look Up, il est le PDG de BASH, la méta-utopie dans l'oeuvre de McKay. Mark Rylance, amalgame Bezos-Gates-Jobs-Musk d'un film à l'autre.
Le Cinéma se regarde de plus en plus dans les yeux. Le 7ème Art se filme en playback sur les tubes qu'il a lui-même composé plus tôt dans sa journée. Le 7ème art a engagé un mouvement de contraction, comme s'il n'y avait plus d'espace d'expansion il va maintenant bâtir sur lui-même. Manhattan-ciéma.
Ready Player one : le Cinéma et la Pop-culture s'auto-mentionnent d'innombrables fois, de Minecraft à King Kong en passant par Akira jusqu'à Michael Jackson. Quattrocento du Cinéma, rejouer sa mythologie. Point culminant : performance assez remarquable où les personnages de la fiction Ready Player One font effraction dans une différente fiction des annes 80 : Kubrick's The Shinning. 'Breaking and entry' dans l'atelier Kubrick, sur la scene de son théâtre les personnages virtuels orcs et humains augmentés sont poursuivis par la fameuse hâche d'un 1980 Jack Nicholson hors-caméra.
Matrix Ressurections, Spider-Man : No Way home, Free Guy... les films méta-récits sont aujourd'hui légion.
Peut-être faut-il s'interroger quant à nos blockbusters, de la même manière que l'on tâte les sculptures marronnes de nos canidés préférés pour s'informer de leur santé. Figurons-nous que les idéologies filtrées dans le Cinéma avec succès par une si séduisante pop-culture, pourraient ne pas être innocentes. Rappelons-nous que Rocky Balboa avait été imaginé pour mettre en 16/9 un uppercut dans la tronche du bloc soviétique, que Captain America avait été coloré pour broyer les ailes du 3ème Reich en strips. Qui sait ? le Spider-Man du MCU n'est après tout peut-être pas qu'un friendly neighborhood lycéen. Devil wears Avenger Prada.
Pouvons-nous s'imaginer que nos mythologies milléniales, nos idôles en costumes ne soient plus les émissaires d'une politique à assimiler ? Je veux dire, peu importe que l'intention des cinéastes soit consciente ou non, ils peuvent assister à des messes noires ou êtres humanistes c'est presque sans importance. Le résultat c'est qu'on acclame un métavers, une existance sur-naturelle, on casse la tabou, on s'y fait quoi.