Le film s'ouvre sur une main qui s'apprête à maquiller des lèvres, et lentement, avec respect, le visage qui apparaît est celui d'une femme, une vieille femme de 92 ans, à laquelle sa famille promet de devenir centenaire. Alors, la caméra s'attarde dignement sur les rides autour des yeux, les doigts abîmés par le temps, la démarche claudicante, les ratés cognitifs dans la voiture, les coups de fatigue qui la plongent dans des états léthargiques brutaux, bref, toutes les incidences du vieillissement. Au contraire du très beau film de Stéphane Brizé "Quelques heures de printemps", "La dernière leçon" ne parle pas d'euthanasie directement. C'est d'abord le récit digne des dégâts du corps provoqués par la vieillesse que Madeleine refuse de faire supporter à ses enfants, et surtout à elle-même en choisissant le suicide. Si le long-métrage alterne avec des scènes d'une grande portée émotionnelle, s'agissant notamment de la relation entre la mère et sa fille, ou la grand-mère et son petit-fils, le scénario se perd dans une série de poncifs, souvent grotesques, voire même de scènes profondément ridicules comme l'accouchement d'une mère dans le jardin d'un hôpital grâce aux soins de la vieille dame qui a anciennement exercé comme sage-femme. On pense encore au langage du jeune-homme qui recherche à un tel point la fracture générationnelle qu'il en devient stupide et lourd. De même, les irruptions du récit dans des passages en enfance où l'on assiste à une famille idéale, comme pour mieux marquer le retournement de la situation où cette fois, c'est à la fille d'accompagner sa propre mère dans le chemin de vie qui lui reste, obscurcissent le récit. Les métaphores du temps qui passent, l'organisation de la mère à ranger son passé pour mieux préparer sa mort, l'étalage d'argent et de parisianisme bobo sont si pesants qu'ils font hélas oublier les petits éclats d'émotion éblouissants, où cette femme magnifique (Bonnaire, juste et lumineuse) apprend à accepter le deuil prochain de sa mère, et où le petit-fils s'oblige à prendre le temps de la relation avec sa grand-mère avant ses projets professionnels. Il y a de l'amour là-dedans, des beautés d'âme, mais sans doute trop de stéréotypes pour en faire un grand film.