On pense forcément pendant une bonne partie du film (enfin surtout au début, après, on se laisse totalement porter), aux grandes références du genre, de 'Jules et Jim' à César et Rosalie, et le film de Bonnel n'a pas à rougir de la comparaison avec ses glorieux ainés, tant il apporte de la fraicheur, de la gaieté et de la modernité à ce schéma que j'aime toujours autant voir au cinéma
Et certes, on n'est paarfois pas très loin du vaudeville mais un vaudeville que Jérome Bonnel parvient à traiter avec une grâce et une légereté telle qu'on ne peut qu'applaudir des deux mains. Le metteur en scène joue ainsi avec une très grande habilileté des éventuels clichés du genre afin de mieux les transcender par un mélange incroyablement digne d’humour décalé, de subtilité narrative et d’effervescence sensuelle.
Tout en légèreté, humour et gaité, le film parvient à rendre léger et jouissif des situations pourtant tendues sur le papier, entre trahisons, mensonges, et déceptions en tous genres.
J'aime particulièrement l'écriture de Bonnel, ce talent à aiguiser ces dialogues savoureux et tellement justes, et de trousser des chassés croisés qu'on suit avec une vraie délectation et qui transcendent ce qui, sous d'autres mains, ne pourrait être qu'une petite comédie sentimentale gentillette comme on en voit pas mal sur nos écrans.
Ces trois jeunes gens tellement d'aujourd'hui sont entraînés dans un triangle amoureux sincère et surprenant plein d’humour pour un film générationnel mais pas seulement (n'en déplaise à ce gentil bougon de Michel).
Une des grandes réusites du film de Bonnel, c'est d’avoir trouvé à ce point l’équilibre parfait entre la tension, la sensualité, l'humour et un peu mélancolie, par l'entremise de multiples séquences qui traitent frontalement et avec singularité à la fois, ce vaste sujet du mensonge et des frustrations amoureuses dans un (triple) couple.
Jérôme Bonnell nous touche au coeur en posant une belle question qui m'a toujours passionné : dans un monde plein de doutes, d'intangibilité, et de déception permanente, l’amour ne reste-t-il pas le seul refuge et la seule conviction qui vaille la peine ?
Pour tenter de répondre à la question, on apprécie énormement lla manière de Bonnel, notamment en utilisant de fort ruptures de ton du récit, passant de la vraie légereté à des scènes plus graves, et après le temps de l'aventure qui surfait déjà sur ce fil ténu, Jérome Bonnel confirme sa parfaite maitrise, rare dans le cinéma français de ce mélange des genres.
Pour que ce trio suscite autant d'empathie chez le spectateur, il fallait que le casting soit bien choisi et il l'est assurément : je n'en ferais pas une nouvelle fois des tonnes sur la sensationnelle Anaïs Demoustier qui une fois de plus montre l'immense étendue de ses possibilité, tout autant fragile que forte et profonde, Félix Moati, acteur que j'aimais bien, car il dégage une chaleur naturelle, mais qui jusque là avait des rôles pas très fouillés, touche beaucoup dans le personnage qui est sans doute le plus romantique des trois.
Quant à Sophie Verbeeck, vraie découverte pour ma part dans ce film, son personnage est certainement le plus énigmatique des trois, mais son physique diapahane et son jeu tout en mystère le sert parfaitement. "A trois on y va" pourrait, comme d'autres films générationnels de cette trempe, marquer la consécration de cette jeune génération d'acteurs, grâce à ces rôles qui leur sied réellement comme un gant.
Bref sur un sujet qui pourrait sembler un peu balisé au départ ,Jérôme Bonnell nous livre un film plein de charme et de grâce qui devrait, je l'espère ravir une grande majorité de spectateurs pas blasés