A trois on y va explore trois visions de l’Amour à travers les passions amoureuses d’un couple à triangle amoureux qui s’ignore. Porté par la jeune garde française, le dernier film de Jérôme Bonnell réussit à offrir quelques rires sincères sans toutefois dégagé une émotion sincère.
Charlotte (Sophie Verbeeck) et Micha (Félix Moati) sont un jeune couple qui viennent d’emménager à Lille dans une maison qu’ils ont achetée après quatre ans de vie commune. En perte de repères affectifs, Charlotte trompe son concubin avec leur meilleure amie, Mélodie (Anaïs Demoustier). Tandis que, sans rien savoir de leur relation, Micha va également entamer une relation avec cette amie, pour tromper sa désillusion. Au centre de ce trio, Mélodie est réellement amoureuse du couple.
Anaïs Demoustier, fidèle à un cinéma français porteur de valeur, est passée chez Robert Guédiguian pour Les neiges du Kilimandjaro et Au fil d’Ariane. Lumineuse chez Ozon pour Une nouvelle amie, on l’a aussi aperçu dans La ritournelle. À la fois insouciante et épicurienne, elle apporte une fraîcheur et une intense joie de vivre à l’œuvre. Sophie Verbeeck, que nous découvrons, campe une jeune femme mélancolique, pour qui aimer semble difficile. Félix Moati, quant à lui, exprime parfaitement, un émerveillement renouvelé dans les plus petites choses, contrarié par une relation de couple ambiguë. Néanmoins, l’alchimie entre les trois acteurs fait défaut. Si la passion de Mélodie pour ses deux amants fait mouche, on ne ressent plus d’amour entre Charlotte et Micha. Les déclarations d’intentions des deux compagnons semblent alors vide de sens.
Malgré le talent de ces trois acteurs principaux, A trois on y va peine à rendre empathique le spectateur. Plutôt qu’une romance, c’est un vaudeville qui se déroule sous nos yeux. Ainsi, les ressorts du scénario prêtent plus à rire qu’à pleurer. Seule la musique, bien exploitée peut, de temps à autre, appeler le soupçon d’une larme sur nos joues. Avouons cependant que l’on rit de bon cœur et que quelques situations sont très bien pensées. Hilarité, par exemple, lorsque les deux amants de Mélodie lui font signe de s’en aller, l’un au seuil de la porte, la seconde à la fenêtre, ayant peur d’être découverts. Mélange de malaise et de rire gêné, également, devant l’incongruité des affaires que doit défendre Mélodie qui est avocate. Débouchant sur une fin pour le moins inattendue, le film de Bonnell trahi son intention de sortir des sentiers battus pour retourner à la norme.
A trois on y va est finalement une comédie sympathique restant à la superficiellement à la surface des sentiments contraires qui étreignent ses protagonistes. Sur le même sujet, nous vous conseillerons plutôt de voir Marie-Jo et ses deux amours du sus-nommé Guédiguian qui est un trésor de sensibilité et de dramaturgie ne pouvant, au contraire, laisser insensible.
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