"Ambush" est le dernier film et l'unique western de Sam Wood sorti l'année suivant son décès en 1949. Filmé en noir et blanc, la première scène démarre sur un pré-générique montrant des images de désolation : un chariot calciné, des cadavres pêle-mêle et des indiens poussant des cris guerriers abandonnant le lieu du massacre qu'ils viennent de perpétrer. Il est rare de voir un western commencer de cette manière avant que le titre et le générique ne s'affiche. L'histoire qui en découle est un peu complexe car dès le début, au fort, il s'agit de bien situer les personnages pour comprendre le type de relations qui lient les uns et les autres. Quel plaisir de retrouver l'excellent Robert Taylor dans le rôle de l'éclaireur Ward Kinsman face à la délicieuse Arlène Dahl (Ann Duverall, fille d'un général de cavalerie décédé dans le scénario). Comparé à un réalisateur comme John Ford ou John Sturges, Sam Wood montre la vie du fort sous l'angle du quotidien et présente les rapports entre les personnages avec un certain pragmatisme qui devait être proche de la réalité. Par exemple, le soldat Conovan (Bruce Cowling) est jaloux du Lieutenant Linus Delaney (Don Taylor) qui courtise plus ou moins sa femme Martha Conovan (Jean Hagen), ou bien la livraison de la solde et les beuveries qui s'ensuivent. Kinsman, (Taylor) entretient des contacts houleux avec le Capitaine Ben Lorrison joué par John Hodiak, remarquable dans la peau d'un officier rugueux et tatillon mais courageux. John McIntire incarne le vieux pisteur Frank Holly) avec un physique à la Buffalo Bill. Le noir et blanc renforce l'aspect dramatique du récit. Même si la réalisation de Sam Wood n'est pas aussi épique que ceux de Ford, elle ne démérite pas pour autant et offre un solide spectacle qui ne décevra pas les inconditionnels du genre. A noter que l'acteur Charles Stevens qui joue le chef apache Diablito était à moitié mexicain et à moitié apache mais aussi et surtout le véritable petit-fils du célèbre chef apache Geronimo.