Père des « Madagascar » et de « Megamind », Tom McGrath revient avec une adaptation d’une bande dessinée. Les écrits de Marla Frazee illustrent les comportements de parents débordés à la maison. Il convient donc d’avouer que les seuls maîtres à bord sont les bébés, dont les caprices entrainent des obligations et des responsabilités. Un parent doit ainsi faire la part des choses entre servir aveuglément et éduquer son enfant. Dans le fond, il y a une complicité familiale qui ne s’explique pas, qui ne se calcule pas. L’instinct parental est mis à rude épreuve, mais l’amour rééquilibre souvent les soucis.
Nous suivons donc Tim, fils unique d’une famille harmonisée et heureuse pour le grand bonheur de ce dernier. Mais l’arrivée impromptue du Baby Boss vient rapidement rompre cet équilibre. On passe alors suffisamment de temps pour installer les tensions entre les deux frères. Face à la raison, Tim voit son enfance éclipsée par ce bébé mystérieux et farceur. La jalousie est un thème majeur qui bénéficie encore d’un traitement superficiel et platonique. On se glisse dans l’univers des enfants dans l’unique but d’émouvoir. La recette du studio se recycle sur cet objectif flou en insistant sur les divergences de leurs personnages. Sur ce point, il n’y a pas de déçu et on profite du temps passé à admirer le parcours symbolique vers l’amour et l’amitié.
L’arme de prédilection d’un enfant est son esprit. Son imaginaire fait sa force de caractère, mais lorsque l’on flirte avec le point de rupture qu’est le passage à l’adolescence, les choses se compliquent. Cela induit la prise de responsabilité, mais surtout d’indépendance vis-à-vis de ses parents. Le Baby Boss rappelle que sous des airs d’enfant innocent se cache de la rigueur et du sérieux. La parodie d’espionnage concernant le bébé introduit ensuite des enjeux mal amenés. On tourne souvent sur l’autodérision mais dans quel but ? S’il fallait une référence dans la matière, un certain président Américain, ou certains PDG, seraient la caricature parfaite. Or, il y a complémentarité dans les relations fraternelles. On se dispute pour un rien, mais avec une méchanceté gratuite et sans fondement. Il s’agit de ce type d’humour, imposé par la tyrannie du jeune Boss que l’on parvient à capter l’attention. Cependant, bien que les affrontements soulignent de l’action divertissante, elle perd en impact sur la durée.
Au passage, on nous délecte de gags régressifs et redondants. Mais comme nous voyons rarement d’aussi petits personnages au premier plan, on reste émerveillé à tort. Ils ne s’éloignent en rien des archétypes adoptés par le studio ou même par le réalisateur. Le décor est mis sur un pied d’égalité avec celui des adultes, sans pour autant les négliger, comme pour « Toy Story » ou « Comme des Bêtes ». Le burlesque marque son territoire que l’on a déjà vu mainte et mainte fois dans les œuvres citées précédemment et bien d’autres. Il ne reste plus qu’à se régaler à travers des valeurs familiales qui émues, qui donnent du sens au conflit fraternel, où chaque parti cherchera en permanence un gain de contemplation.
Autant dire que « Baby Boss » est une animation rythmée, mais qui ne soutiendra que le regard des plus jeunes. S’il fallait trouver le compromis idéal pour les adultes, le film passe à côté d’un message clé. Au lieu de cela, il préfère ancrer son intrique dans l’imaginaire et avec insistance. Ce qui permet un parallèle efficace avec des nombreuses sociétés qui s’industrialisent à grand pas et même prématurément, selon la culture du travail d’aujourd’hui. On observe donc une baisse de régime chez DreamWorks, qui cloisonne ses réalisations à la limite de la suffisance, faute d’un manque d’inspiration évident, rattrapé par des gags visuels de qualité. Mais encore faut-il voir plus grand et raisonner dans un domaine universel afin d’exploiter tout ce potentiel, malheureusement sous-traité.