Le pitch était alléchant et la bande-annonce très drôle. Et on imaginait, sans peine, le potentiel énorme d’une histoire mettant en scène un bébé en costume-cravate avec une voix d’homme… Malheureusement, je n’ai vraiment pas été emballé par ce "Baby Boss", qui ne marche pas comme il aurait dû marcher. La première grosse erreur du dessin animé, à mon sens, est de se spoiler tout seul en présentant immédiatement le grand frère Tim comme un conteur à l’imagination débordante (il est, d’ailleurs, le narrateur, devenu adulte, de l’histoire). On comprend, donc, quasi instantanément que ce que va être le film,
à savoir une métaphore sur le bouleversement provoqué par l‘arrivée d’un nouveau-né pour un fils unique
. En soi, l’idée est plutôt bonne mais je ne comprends pas pourquoi le réalisateur a dévoilé ce parti-pris d’entrée de jeu au lieu d’en faire un twist scénaristique. Résultat : le récit perd beaucoup d’intérêt puisqu’on sait que
ce qu’on voit à l’écran n’est pas vrai
et qu’on ne peut pas dire que les scénaristes ont beaucoup joué avec le décalage provoqué. Autre problème : le rôle du fameux Baby Boss, dans un premier temps beaucoup trop détestable, puis qui devient subitement beaucoup plus cool, voire attendrissant… voir beaucoup trop attendrissant. Certes, le scénario tente de faire passer la pilule à coup de
"allions-nous si nous voulons retrouver nos vies d’antan"
mais cette évolution fait perdre beaucoup de cohérence au personnage. Il résume, d’ailleurs, assez bien le souci du film qui peine à trouver le ton juste. Trop gamin par moment (on n’échappera pas aux vannes scatos qui font tellement rire les enfants), trop premier degré à d’autres (Tim est trop présenté comme un pleurnichard)… et, la plupart du temps, pas très original. Les gags sont souvent prévisibles malgré pas mal de bonnes idées qui, comme trop souvent, ont été éventées par la bande-annonce qui regroupe quasiment toutes les meilleures scènes
(la gamine qui ne peut pas relire ses notes vu qu’elle ne sait pas lire, la poursuite en voiture filmée en vitesse ressentie puis en vitesse réelle, le running gag du Baby Boss qui tape la main qui tient son biberon ou qui règle les problèmes en balançant quelques billets…)
. Et puis, le rythme est, parfois, problématique avec une impression de répétition ou de surplace un peu dérangeante
(voire la scène de brouille à l’aéroport ou les différentes scènes fantasmées par Tim, entre autres)
. Maintenant, "Baby Boss" se regarde sans déplaisir, parvient sans peine à faire sourire et surprend même, par moment, par l’émotion qu’il peut susciter
(Tim qui négocie ses histoires et sa chanson avant de dormir à la baisse, la suppression des souvenirs du bébé…)
. La dernière scène,
qui confirme ce que tout spectateur adulte savait déjà dès la première scène
, est, également, très réussie. Mais je pense que j’attendais trop pour me satisfaire totalement d’un dessin animé définitivement réservé aux jeune public.