Avis sur Les enfants de la rose verte

Voici un beau témoignage d'une modalité de prise en charge de l'autisme parfois décriée. Aujourd'hui la sémiologie des troubles de la sphère autistique est devenue très vaste allant d'un état très régressé à l'autisme de haut niveau. Ce que nous montre ce documentaire, c'est une équipe dynamique, engagée dans un travail auprès des enfants et de leurs parents. Ce qui est vraiment enthousiasmant, c'est de voir et d'entendre des parents, qui ne sont pas déprimés, qui ne se sentent pas culpabilisés par les soignants, qui participent aux soins donnés à leur enfant. Les soins dans cet hôpital de jour, ce sont des activités dans lesquelles s'inscrivent les enfants. Certains sont engagés dans la parole, d'autres y sont invités, on parle avec eux, on commente ce qu'ils font et expriment. Certains soignants ont pour mission de consigner leurs observations. L'engagement dans la relation a une valeur thérapeutique. Il est possible de se revendiquer d'une théorie psychanalytique et de néanmoins viser l'intégration de l'enfant. Lui donner du temps, de l'attention pour lui permettre de se construire ne va pas à l'encontre d'une évolution tant comportementale, que psychique et cognitive. Il est dommage que l'on fasse tant de bruit autour de supposés méfaits de la psychanalyse. Intéressons nous plutôt à ce qu'elle donne comme ouverture. Qu'un professionnel travaillant dans le soin auprès d'enfants gravement perturbés psychiquement se soutienne dans sa pratique de l'hypothèse de phénomènes inconscients, qui influent sur notre existence, me parait une influence saine et protectrice, tant pour les enfants, que pour leurs parents. Ce film constitue un bel élan de comment on peut travailler efficacement dans le soin psychique, qu'être disponible pour l'émergence de l'inouï ou de l'inattendu n'empêche pas d'être rigoureux. On peut être contenant sans être dans des pratiques asilaires surannées. Bravo pour ce film plein d'espoir. Freud avait décrit dans son corpus théorique la résistance à la psychanalyse, je trouve dommage que les manifestations qu'on peut en repérer aujourd'hui bénéficient souvent d'une audience et d'une diffusion excessives. Que le témoignage de Bernard Richard soit ici salué.