Shane Black, avant de revenir sur le devant de la scène en réalisant le très inégal "Iron Man 3", c'est tout de même l'un des grands scénaristes du cinéma d'action des années 80/90. Après une traversée du désert et un retour remarqué avec "Kiss Kiss Bang Bang" en 2005, celui qui a quasiment donné au buddy-movie ses lettres de noblesse ("L'Arme Fatale" c'est lui) ne change pas une recette qui fonctionne. Nous voilà donc plongés dans le Los Angeles des années 70 pour une enquête trouble sur la mort d'une actrice porno et la disparition d'une jeune femme activement recherchée par des criminels. Le tout mené par un duo de choc forcément mal assorti ! Autant le dire tout de suite, "The Nice Guys" a la simple ambition de divertir. Ce qui compte ici, c'est que le spectateur s'installe confortablement dans son siège et passe un moment ressemblant fortement à un tour de manège dans une fête foraine. On s'amuse beaucoup, on se laisse prendre au jeu, parfois surprendre mais dans l'ensemble la recette ronronne. Shane Black sait ce qu'il sait faire de mieux et verse dans le polar noir aux accents comiques. C'est violent, les coups pleuvent, les cadavres s'accumulent mais on rit beaucoup. On ne peut décemment pas reprocher au réalisateur de brosser le spectateur dans le sens du poil en lui offrant ce qu'il fait de mieux, le tout agrémenté de quelques idées scénaristiques bien sympathiques. Mais l'intrigue, prétexte à une enquête musclée et tordue, manque de souffle. Heureusement, "The Nice Guys" soigne ses personnages. Des types qui jouent aux durs mais dont les faiblesses se révèlent, souvent pour nous faire rire. Des espèces de bras cassés qui donnent l'impression de savoir ce qu'ils font alors qu'ils ne cessent de jouer avec la chance. Si l'on savait Russell Crowe capable de jouer le gros dur au grand cœur, la grande surprise du film est Ryan Gosling. En détective privé maladroit, alcoolique et fanfaron, l'acteur fait des étincelles, dévoilant un potentiel comique dont on ignorait l'étendue. Les meilleurs moments du film sont volés par Gosling, cabotin au possible dans la peau d'un des personnages les plus hilarants de ces dernières années. Ce duo est d'ailleurs complété par Angourie Rice, incarnant la jeune fille de Ryan Gosling s'immisçant dans l'enquête de son père. Le buddy-movie prend donc des allures de trio tandis que le scénario déroule son fil rouge tranquillement, en prenant bien le temps de marquer ses étapes. On n'ira pas jusqu'à dire que "The Nice Guys" est balisé car il a plus d'un tour dans son sac. Il est vrai qu'il manque de densité dans son intrigue, préférant se montrer réjouissant plutôt que vraiment bien construit. Les raccourcis sont assez visibles mais Shane Black semble s'en moquer en toute conscience. Ce qui compte ici, c'est que le spectateur s'amuse. Au moins autant que les acteurs, visiblement ravis d'être là. L'euphorie est contagieuse et le film remplit sa mission, divertissement haut en couleur se déroulant dans une époque qui l'est tout autant. Shane Black réaffirme qu'il n'a pas perdu son mojo et ravira tout le monde, à condition qu'il puisse prouver qu'il est capable de s'aventurer un peu plus hors des sentiers battus la prochaine fois. Pour une chasse au Predator, par exemple ?