A la lecture du pitch du film, et en voyant le logo d’ « Europa corp » apparaitre à l’écran avant le générique (la société de production de Luc Besson), on se dit assez vite qu’on est en terrain hyper connu et que « The Nice Guys » va nous faire passer 2h00 sympathiques sans plus et sans nous prendre la tête. Et bien en réalité, la toute première impression est la bonne, le film de Shane Black ne va pas au-delà du film sympathique, parfait pour un dimanche soir devant la télé. Ne cherchez pas autre chose qu’une intrigue policière tordue, des bagarres, des poursuites en voiture, des coups de feu et de l’humour potache, vous n’y trouverez rien d’autres ou presque. En offrant à Russel Crow un rôle de looser bedonnant et à Ryan Goslin un rôle de privé maladroit, Shane Black a la première bonne idée : soigner son casting. Si Russel Crow « fait le job » dans un rôle pas du tout à contre-emploi, Ryan Goslin attire l’attention en faisant davantage preuve d’autodérision, et la plupart des scènes franchement comiques du film sont de son fait. Accompagné par Angourie Rice (qui n’a pas tellement l’air d’avoir 13 ans !) et par Kim Basinger (qui grâce à la chirurgie esthétique n’a pas du tout l’air d’en avoir 62 !), il forme un casting qui tient la route et sur lequel il n’y a pas grand-chose à redire, à part peut-être qu’à force de faire cabotiner deux grandes stars, on oublie un peu de mettre en valeur les seconds rôles, mais c’est défaut assez récurent dans le cinéma américain grand public. Shane Black maitrise son sujet puisqu’il a déjà œuvré dans le genre (par exemple le très mésestimé « Kiss kiss Bang bang ») : les cascades, les scènes spectaculaires, les jolie plans larges, l’utilisation de la musique des 70’s (trop peu à mon gout d’ailleurs, quitte à colorer son film « seventies », autant y aller carrément !), la reconstitution des décors, des costumes, tout cela est très professionnel, très maitrisé. Point de vue scénario en revanche, pas facile de tout piger. C’est embrouillé au début et cela ne fera qu’empirer, à tel point qu’il faut s’accrocher pour rester intéressé à cette enquête bizarre qui met en scène
des starlettes du porno, des beatniks écolos et des gens hauts placés aux intérêts industriels pas du tout écolo
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C’est assez étonnant d’ailleurs d’avoir utilisé ce fond écologique quand on sait qu’en 1977, la pollution et ses conséquences n’avaient pas tellement d’importance dans les mentalités, en tout cas pas l’importance que cela a aujourd’hui.
On dirait que le film veut faire passer un message et qu’il n’a pas peur, pour ce faire, de tordre légèrement le cou à la réalité des années 70. Si l’on arrive à suivre l’intrigue policière, tant mieux. Sinon, on peu toujours s’amuser avec le côté parodique du film. Les deux compères sont l’antithèse du privé tel que la mythologie du cinéma l’a construit : maladroit, veules, lâches et souvent fort peu recommandables, ils ont besoin de beaucoup de chance et de coïncidences improbables pour résoudre l’affaire et coincer les méchants. L’humour est parfois efficace, parfois carrément lourdingue, flirtant avec le mauvais gout à des rares occasions. « The Nice Guys » dure deux heures et tire invraisemblablement en longueur sur la fin, même si on ne s’ennuis pas à proprement parler et si le rythme est toujours soutenu, une intrigue un peu plus ramassée aurait été une bonne idée. Le problème du film de Shane Black, tel que je le vois, c’est qu’il ne choisit jamais vraiment son camp entre le film d’action et la comédie, entre le polar et la parodie. Il a perpétuellement un pied dans chaque camps et faire le grand écart pendant 2h, ça fatigue ! Etonnamment bavard par moment, avec des scènes d’actions qui durent trop longtemps à d’autres moments, le film n’arrive jamais à trouver le bon équilibre. On passe un bon moment, on croit à peine à ce qui est raconté mais peu importe
(le coup du film porno subversif, mouaih…),
certains personnages sont quasi improbables, comme celui de Holly, on ne s’ennuis pas mais on l’aura vite oublié, le film de Shane Black. Un film qui se cherche pendant deux heures finit fatalement par perdre un peu ses spectateurs en cours de route…