Retour au Budy Movie pour Shane Black, des années après le succès de Kiss Kiss Bang Bang. Celui qui fût jadis scénariste de classiques de l’Entertainment, on pense à la saga l’Arme fatale ou encore Predator, se fait aujourd’hui l’émissaire d’un cinéma d’un autre temps, les années 80 et 90, sans pour autant que cela en soit désuet. Le cinéaste respecte ici, à la virgule près, les codes usuels du genre, un genre quasi disparu qui, il est vrai, procure un certain plaisir coupable, un plaisir mélancolique. The Nice Guys, donc, est souvent drôle, toujours poussif et, il faut le dire, parfois désordonné. Tout ici est prétexte au laisser-aller, narratif surtout, afin que le film soit le plus léger, dans le ton, possible. C’est une certaine forme, si l’on veut bien, de délire moderne à la sauce comédie policière de le fin du siècle passé.
Shane Black, s’il semble de ficher comme d’une guigne de la pertinence de son scénario, un comble pour un scénariste, s’offre et offre autour de lui le mérite d’une éclate totale. Son film n’est certes pas passionnant, de loin pas, de par l’histoire qu’il développe mais il s’acharne à offrir sa dose, voire plus, de divertissement primaire et coloré. Le cinéaste peut, pour ce faire, compter sur deux comédiens qui trouvent ici matière à explorer quelques nouveaux talents ou en confirmer certains, tout en prenant leurs pieds à incarner ces drôles d’oiseaux. Russell Crowe, en pendant comique du flic bourru qu’il incarnait de L.A. Confidential, trouve parfaitement sa place dans cet univers déjanté, casseur d’os et briseur de nez patenté qui complète parfaitement la maladresse permanente du personnage incarné par Ryan Gosling. De Ryan Gosling, parlons-en. Si ce dernier ne s’était jamais réellement illustré dans un registre purement comique, il trouve ici matière à démontrer des capacités prometteuse dans le domaine de la comédie. L’acteur est souvent hilarant, désopilant, quand bien même il en fasse parfois un peu trop. Belle découverte que de voir Ryan Gosling dans ce nouveau registre.
On l’aura compris, si Shane Black voulait ressusciter, une fois de plus dirons-nous, le Budy Movie d’antan, c’est une mission réussie. Il aura par ailleurs été salué pour cela, par la presse et hors compétition, lors du dernier festival cannois. Mais pour autant, ce film manque d’arguments solides pour prétendre au titre de réel polar d’exception. Black privilégiant d’abord l’amusement à la rigueur, ce qui plaira à certains, il manque d’ambition narratives. Trop léger, sans doute, pour que l’on se rappelle de The Nice Guys autre chose que les frasques comiques et maladroites des deux compères principaux. Qu’importe, c’est là une proposition de cinéma honnête et clairement destinée à un public nostalgique, et c’est déjà pas mal. 12/20