Passé inaperçu lors de sa sortie aux États-Unis, ''I saw the light'', biopic sur le chanteur de country Hank Williams, débarque en France sans passer par le grand écran. Ce qui est un peu dommage car il ne ferait pas de mal au public français de découvrir une nouvelle facette du jeu de l'excellent Tom Hiddleston, le gentleman anglais se glissant ici dans la peau du chanteur texan avec une aisance assez incroyable. C'est d'ailleurs beaucoup pour Hiddleston que le film vaut le détour. Sans sa prestation donnant un bel éclairage aux chansons de Williams, ''I saw the light'' reste assez fade, ne s'écartant guère du biopic classique avec ses nombreuses ellipses, son artiste tourmenté (par des problèmes de dos, l'alcool et la coucherie avec les femmes) et son inévitable histoire de chute et d'ascension. Difficile de voir débarquer un biopic aussi classique quand Aaron Sorkin en a aussi bien éclaté les codes en écrivant l'excellent ''Steve Jobs''. Certes, les deux sont incomparables mais les portraits d'artistes tourmentés deviennent fatiguant dans un cinéma généralement très classique quand il s'attaque au biopic. Cela dit, ''I saw the light'' permet de (re)découvrir une partie de la musique de Hank Williams. Le culte à son égard fût d'ailleurs renforcé par le fait qu'il mourut à 29 ans de problèmes cardiaques. Une légende vivante partie trop tôt, voilà ce que raconte le film, comme la grande majorité de tous les biopics. Difficile de vraiment être original à ce niveau-là alors Marc Abraham reste classique, dépeint Williams avec ses qualités comme ses défauts, filme des scènes de concert enjouées et explore des recoins plus sombres de son héros. Si l'originalité n'est pas vraiment de la partie, l'ambiance rétro qui règne sur le film ne manque pas de charme, permettant de bien inscrire Hank Williams dans son époque, celle des années 40 et 50. Plus intéressant dans sa seconde partie que dans sa première, ''I saw the light'' déploie ses charmes sur la durée et doit beaucoup à Tom Hiddleston, vraiment impliqué dans un rôle qui lui va à ravir, comme s'il était né une guitare à la main avec l'accent texan. A ses côtés, Elizabeth Olsen fait des merveilles en femme peu à peu délaissée, déployant une densité de jeu qu'on ne lui avait pas vue depuis ''Martha Marcy May Marlene'' tandis que l'on retrouve Bradley Whitford, l'inénarrable Josh Lyman de ''A la Maison Blanch''e, dans un rôle sympathique mais bien trop court. Charmant, enjoué et doucement bercé par les chansons de Williams, ''I saw the light'' est un écrin pour une jolie prestation d'acteurs mais souffre de son classicisme et n'échappe pas à ses airs de déjà-vu.