La vitesse au rythme des promesses, c’est le handicap majeur d’une œuvre qui n’a plus rien de personnel, mais bien communautaire. Comment parler de cinéma si l’équipe de production n’assume pas ses choix et se laisse influencer par ses clients ? Jeff Fowler a beau avoir hérité d’une nomination aux Oscars, mais c’était en 2004 en court-métrage et des pixels ont coulé sur les consoles depuis. Pour son premier long-métrage, il s’attaque à la jeunesse qui ne l’a jamais quitté et on sent qu’il est lui-même un grand fan du hérisson bleu. Sonic est de loin un vestige et un modèle pour la plupart des adolescents et de plusieurs générations. Mais l’adaptation prend un mauvais virage, car on a souhaité recoller avec cette affinité pour le hérisson traverse l’écran et embarque son public dans une folle aventure. Malheureusement, nous sommes loin de ces attentes et ce n’est pas le seul défaut condamnable...
La petite boule bleue se réfugie sur Terre pour une raison qu’on laisse en suspens et en attente de validation budgétaire pour une suite. Oui, c’est un départ confus, mais ce qui suit avait pourtant de quoi rectifier le tir, mais ce fut de courte durée. Sonic va trop vite. On parle de la narration en lui-même, car jamais on prend le temps de se poser ludiquement. Une certaine escale à un bar ne constitue pas la meilleure des étapes à ce sujet et se retrouve même hors du temps, hors d’une narration déjà faible et qui se permet plus de gags que de rigueur. Si le redesign a repoussé la sortie de l’œuvre, c’est n’est pas le facteur déterminant pour apprécier cette aventure qui n’a ni queue ni tête. Les easters-egg tombent en abondance, sans qu’on ne les mette en avant et c’est bien une des rares idées de gestion qui font mouche auprès des initiés. Pour le reste, il y a de quoi se sentir écarté, voire invité par erreur. Et en parlant de mauvais casting…
James Marsden est Tom Wachowski, une caricature aussi oubliable que ce nom, emprunté à deux grandes célébrités. Le film ne cache plus ses références et en balance de tous les côtés, juste pour en rire et par plaisir. Un brin de subtilité manque encore, bien que l’on souhaite rendre le discours plus accessible aux enfants, il n’y a pas de raison de laisser ceux qui ont grandi avec le sprinteur à l’écart. L’intention n’est pas là, mais le résultat si, et Jim Carrey ne rattrape pas le coup, malgré un docteur Robotnik ou Eggman qui pouvait constituer un bien meilleur antagoniste qu’une doublure tardive, car Jim Carrey renfile une peau, voire un masque bien connu pour qu’on le prenne au sérieux. D’un homme ultra intelligent, on laisse son ego faire face à un surjeu sans complexe. Cela aurait été le bienvenu dans un autre contexte, mais avec un support pareil, la déception est proportionnelle au désastre de la réalisation.
L’éloge se transforme en un produit publicitaire et jamais on ne se sent investi dans ce film, s’il en est un. Le film regorge de paresse, même dans le traitement de la solitude du héros. Par ailleurs, la mise en scène ne fait que suivre une check-list sans profondeur et on vient à oublier la différence entre un arrêt sur image et un ralenti. La gestion de l'hyper vitesse est constamment dans la contradiction et rien ne peut sauver le hérisson de son naufrage, pas même un Carrey dynamique, mais inapproprié. Ainsi “Sonic, Le Film” (The Hedgehog) est arrivé beaucoup trop tôt pour se prendre au sérieux et en perd ses anneaux. Reste à savoir s’il a de l’avenir, mais plus rien n’est aussi préoccupant que ce projet si banal, si Hollywoodien et si peu attirant, à l’image d’un doublage français à éviter au prochain détour.