Sorti dans l’anonymat le plus total en 2014, ce premier long du mystérieux Guy Myhill a eu les honneurs de quelques festivals, comme celui du film britannique de Dinard, présidé par Catherine Deneuve. Il le mérite. Sorte de La vie de Jésus outre-Manche, il suit les pas d’un adolescent coincé dans sa campagne et son entourage. Sa mère, avec qui une relation œdipienne couve ; son beau-père, fermier volage et pilote jaloux ; sa sœur, discrète et influençable ; enfin son frère, compagnon indéfectible dans les quatre cent coups. Une vie médiocre, banale, où l’unique objectif est de s’en sortir, mais qui va changer de dimension quand les récoltes commencent. On le sait, ce genre de métrages en rebute beaucoup, mais j’en appelle à leur indulgence. Celui-ci est court, avec un montage rapide, rythmé, en contrepoint à l’atmosphère douce-amère qui habille l’ensemble. L’ambiance doit beaucoup à la bande-son mélancolique, onirique et nostalgique du DJ Luke Abbott, que les mélomanes de l’électro connaîtront peut-être. Ceux-là n’hésiteront probablement pas ; les autres devront s’ouvrir à l’accent de Cambridge, et à cette sorte de rêverie naturaliste. Ca se tente.