Heure de pointe sur le Judge Harry Pregerson Interchange, célèbre échangeur autoroutier de Los Angeles. Dans les embouteillages, les conducteurs prennent leur mal en patience, semblant banalement habitués à cet encombrement quotidien. Soudain, afin de mettre un peu de couleur et de joie à leur train-train quotidien, tous les occupants des véhicules se livrent à un véritable numéro, chantant et sautillant sur les véhicules, donnant le « la » (la land) à un long-métrage étonnant, alternant passages chantés et dansés par les deux protagonistes principaux, et scènes « classiques » où nos deux idéalistes romantiques tenteront d’atteindre les étoiles dans la Cité des Anges, tout passionnés qu’ils sont dans leurs « domaines » respectifs.
Se détester avant de s’aimer. Dans cette mémorable scène d’ouverture, Sebastian et Mia font connaissance, se glorifiant d’un doigt d’honneur en guise de présentations dans les embouteillages.
Ne cessant de se croiser au début du film, l’amour vache s’imposera avant de laisser place à une relation où les deux rêveurs se trouveront des points communs, dont un pas des moindres : la passion. Mia pour la comédie, rêvant de devenir actrice, mais enchainant les auditions décevantes, contrainte en attendant de servir des cafés à des clients parfois désagréables. Sebastian, fou de jazz, vit comme il le peut, enchainant les contrats précaires de claviériste, « engoncé » dans un répertoire imposé, loin de son idéal de musicien libre et d’artiste accompli.
Si, tout le film durant, Sebastian semble se montrer plus passionné que Mia, il ne va pas tarder à « vendre son âme de musicien » au diable,
acceptant, afin de gagner convenablement sa vie, de devenir claviériste dans le célèbre groupe de Keith (interprété par le chanteur John Legend, producteur exécutif du film), avec qui il partira pour un temps déterminé en tournée, ne faisant plus que croiser celle qui est désormais devenue sa compagne.
Si la scène finale se révèle être la plus réussie et la plus poignante, elle pose là une question qui nous laisse méditatifs à la fin du film :
si Mia a pu « atteindre son but », était-il inévitable que son couple avec Sebastian soit sacrifié pour autant ? S’il fallait bien, en quelque sorte, un « unfortunate end » amoureux en contrepartie d’un « happy end » pour chacun des deux personnages, le sacrifice de la vie commune heureuse qui aurait pu être la leur est un véritable crève-cœur, pour eux comme pour nous, spectateurs.
Si les passages de comédie musicale m’ont quelque peu laissé indifférente voire ennuyée durant le film, certaines scènes se révèlent être éblouissantes, tant au niveau de la photographie que de la mise en scène, bien orchestrée. Notamment cette scène, poétique et romantique sans être niaise ni mièvre, au désormais célèbre observatoire Griffith de Los Angeles, que vous avez sans doute pu apercevoir dans bon nombre de films, notamment dans « La fureur de vivre » en 1955 avec James Dean. Les couleurs, la poésie de ces moments que l’on croirait réellement se dérouler dans les étoiles, font de ce lieu, mythique et céleste, l’écrin idéal pour abriter l’idylle de ces doux rêveurs. Los Angeles fut également le décor parfait, le témoin des rêves réprimés, mais bel et bien chevillés au corps et au cœur, torpillés de nouveau mais indélogeables, véritables raisons de vivre de deux jeunes écorchés vifs, qui ont décidé d’y croire plus fort que les autres, et qui auront, grâce à leur persévérance parfois mise à mal, chacun à leur manière, réalisé enfin leur rêve, mais à quel prix…
Ryan Gosling, en musicien passionné et passionnant, a su me convaincre, bien moins taiseux que son personnage taciturne de Neil Armstrong dans le très récent « First Man » du même réalisateur, Damien Chazelle. En ce qui concerne Emma Stone, si je ne connaissais pas son travail auparavant, il m’était néanmoins possible de mettre un nom sur le visage mutin et expressif de cette jeune actrice certes prometteuse, mais je que j’ai trouvé pour ma part quelque peu en dessous de son partenaire, notamment dans l’expression de sa passion pour son Art, que j’aurais espéré aussi « viscérale » que pour Sebastian.
Ma critique complète sur mon blog: reves-animes.com