Damien Chazelle est ce que l’on pourrait appeler un surdoué du cinéma. En effet, cet ancien étudiant d’Harvard a su, en un temps record, faire se mettre d’accord à l’unanimité la communauté cinéphile internationale au sujet de l’immense étendue de son talent. En résument ses nombreux prix en « seulement » 8 ans de carrière.
Nous sommes alors en 2014, Damien Chazelle connait un succès phénoménal avec Whiplash, format long d’un court qui avait déjà suscité l’intérêt de la critique l’année précédente. Un film sur un batteur de jazz prêt à tout pour être le meilleur. Un film qui propulse alors son jeune réalisateur sur le devant de la scène des plus prestigieux festivals internationaux (Deauville, Sundance,…). Un film qui devait forcément avoir un après, avec les risques que cela représente…
Mais revenons au Jazz. La première passion du franco-américain. Sa probable future marque de fabrique. Nous sommes maintenant en 2017 et entendons une fois de plus résonner cette musique chaleureuse dans sa nouvelle réalisation : La La Land. Mais cette fois, elle est susurrée par les doigts mélancoliques d’un pianiste nostalgique de l’âge d’or du style. Face à lui, une jeune comédienne qui enchaîne les castings et autant d’échecs sans désespérer de devenir un jour une star de cinéma.
La La Land est leur histoire, leur histoire d’amour, et l’histoire de leurs rêves. Une histoire sublime et poétique servie dans l’écrin dépoussiéré de la comédie musicale. Car oui, La La Land est une comédie musicale ! Un pari osé quand on sait que, il faut bien l'admettre, ce genre là peine à exister sur grand écran depuis plusieurs décennies. Mais c’est ici que le talent de Chazelle intervient. Faire du moderne avec de l’ancien, avec intelligence et virtuosité, et avec surtout un scénario à l’efficacité redoutable. Du génie !
Ainsi, dans La La Land, ça chante, ça danse, ça vibre, virevolte et voltige au rythme de musiques jazzy (évidemment), entrainantes et entêtantes. En témoigne la seule scène d’ouverture en plan séquence, au milieu d’un embouteillage monstre sur l’autoroute de Los Angeles, somptueusement chorégraphiée à la perfection, tant chez les comédiens que dans les mouvements de la caméra. Un thème inoubliable aussi. Une scène qui souligne enfin que le film sera haut en couleurs, au sens propre comme au figuré. Car, rappelons-le, il s’agit d’une histoire d’amour, qui va se construire, se vivre, puis se heurter à la dureté de la réalité, jusqu’au larmoyant happy-end qui n’en est pas un. Au milieu de ce tourbillon coloré d’émotions pures, dans les rôles de Mia et Sebastian, Emma Stone et Ryan Gosling apportent ce qu’il fallait de sensibilité, de subtilité et de justesse pour transcender leur duo à l’énergie communicative. Le cocktail est parfait, divin, et le film de Damien Chazelle, s’impose sans contestation comme LE chef d’oeuvre marquant de cette année 2017. Et le défi post-Whiplash est remporté haut la main, fusse t-il utile de le préciser.