Difficile d'oublier le portrait frappant d'Edward Joseph Snowden; celui que la journaliste Laura Poitras proposait aux spectateurs du monde entier, en 2015, dans le documentaire "Citizen Four". Le fruit de sa rencontre avec ce dernier, dans une chambre d'hôtel de Hong-Kong en 2013, allait créer le plus gros scandale de surveillance du monde contemporain!
Après le documentaire, place au film biopic événement, réalisé par le célèbre Oliver Stone, ayant déjà offert dans sa longue carrière de cinéaste, des portraits cinématographiques plus ou moins réussis de personnalités, tel que "JFK" en 1991, sa pierre angulaire.
Le réalisateur va suivre pendant plus de 2 heures, le parcours professionnel de Snowden, de 2004 à 2013 et ces différents emplois occupés à la CIA et NSA, où il fut parfois consultant, parfois titulaire. Incarné par Joseph Gordon-Levitt, l'acteur irréprochable en geek responsable, signe enfin un vrai rôle, 7 ans après le poétique "500 jours ensemble".
Très documenté, le film décline l'évolution professionnelle de cet as de l'informatique, tout en s'intéressant à sa vie romantique, bien moins exaltante.
Le film est terriblement édifiant et cherche sans cesse à rappeler au spectateur, à quel point ses droits constitutionnels se sont érodés dans la société moderne dans laquelle il vit. Un film engagé et admirateur de son héros, pour sa ferveur, coûte que coûte, à lancer l'alerte.
Du point de vue de la mise en scène, le classicisme est absolu et l'académisme de mise, mais derrière ce savoir-faire, un élément pèche: à vouloir tout expliquer, le film s'avère trop didactique.
Le film souffre aussi de la comparaison avec son documentaire associé, "Citizen Four". Alors que ce dernier créait une véritable tension tendue, "Snowden" se révèle plus un film contestataire, étudié et réfléchi qu'un biopic sur tension. Il y a certes de belles scènes de suspense (l'interrogatoire d'entrée à la CIA, une discussion grand écran avec le "grand manitou"), mais dans sa globalité, le film manque de nerfs.
On en ressort instruit, révolté mais pas vraiment aimanté à notre siège. Vu les possibilités du sujet, c'est vraiment dommage !