On comprend que le sujet ait pu séduire Oliver Stone, notre grand dénonciateur multi-cartes! Et il ne manque pas une fleur à l'hagiographie; d'ailleurs, pour que nous soyons bien conscients du bon fond d'Edgar Snowden, on a choisi un sosie d'Harry Potter. Bon, quand il vieillit, qu'il change de lunettes et a de la barbe au menton, ça s'arrange..... (et il se met à ressembler au vrai Edgar) Je plaisante mais on est convaincus dès le départ: pourquoi Snowden aurait il foutu sa vie en l'air, tout a la fois sur le plan professionnel et privé, si ce n'était par idéalisme; car il n'a rien gagné -et beaucoup perdu. A commencer par le salaire très confortable d'un petit génie de l'informatique au sein de la CIA.
Edgar grandit dans une famille de militaires. Peu scolaire, il est en autodidacte un virtuose de l'informatique. Il est républicain, il veut servir son pays.... et s'engager dans l'armée. Ah, Oliver, c'était difficile de résister à cette petite séquence introductive de formation de troufions par un sergent peu amène, Sir, yes, Sir.... qui nous rappelle quelque chose. Pour des raisons de santé, il doit y renoncer, mais intègre la CIA (dont il démissionne une première fois en raison d'agissements qui ne sont pas conforme à son éthique, comme l'utilisation du diabolique logiciel XKeyscore) puis la NSA, où il est chargé de programmes hyper pointus d'espionnage (ou de défense) militaire ou industriel.
Petit à petit, il découvre l'existence d'un système de surveillance généralisée, ce qui permet à Stone quelques jolies images de toile..... A partir d'un individu douteux, on surveille son entourage, puis l'entourage de l'entourage, puis l'entourage de... etc, jusqu'à espionner des personnes parfaitement anodines.
Il décide alors de tout révéler, et cela passera par deux journalistes britanniques (le Guardian), eux même très engagés pour la liberté de la presse, dans une chambre d'hôtel de Hong Kong.... Bon tout cela on le sait plus ou moins, mais le film de Stone a le grand mérite de le rendre parfaitement clair; il a un haut pouvoir didactique. et puis, il est bien fait, bien filmé, vivant, pas austère (on ne se refuse pas quelques jolis paysages à Hawai ou ailleurs) et avec une pléiade d'excellents seconds rôles (coucou Nicolas Cage). Joseph Gordon-Levitt est parfait, et la gironde petite amie de Snowden, Shailene Woodley, tout à fait ravissante...
Naturellement c'est un film à voir quand on s'intéresse à son époque!