Allez, pour le coup j'ai envie d'être relativement indulgent. Pourtant, ce n'était (vraiment) pas gagné, notamment lors d'une première partie souvent poussive et sans charme, dans le sillage d'un « Boule et Bill » niveau adaptation médiocre de bandes dessinées cultes. Le scénario est faiblard, on ne rit vraiment pas beaucoup, c'est même parfois un peu lourd, non sans quelques passages obligés vraiment pesants (les méchants garçons de l'école, le fayot tête à claques) et
un éloge à la famille à travers un discours bien consensuel où Spirou pourra, évidemment, faire ce qu'il veut lorsqu'il sera plus grand et ne pas forcément suivre la tradition familiale (comprenez devenir groom)
. Mais alors pourquoi la moyenne ? Pour l'univers qu'a su imaginer assez convenablement Nicolas Bary en le transposant à l'écran : certes, les couleurs sont bigarrées voire criardes, mais pour le coup je trouve que ça donne un certain charme, Natacha Régnier portant l'uniforme particulièrement à merveille. Les seconds rôles, également : si François Damiens est vraiment « too much », Régnier, donc, Pierre Richard, Philippe Katerine et surtout la sublime Gwendolyn Gourvenec apportent un réel supplément d'âme à l'entreprise. Le regard porté sur les enfants, aussi : malgré la prestation inégale du jeune Sacha Pinault, ces derniers ressemblent vraiment à des enfants de leur âge, avec des préoccupations d'enfants de leur âge sans que cela ne devienne trop pénible, ce qui est plutôt rafraîchissant. Enfin (et surtout), il y a ce
« voyage » final plein de tendresse et d'ingéniosité, où j'ai vraiment retrouvé mon âme de dix ans
: j'y ai même trouvé une certaine poésie, une innocence (légèrement taquine, bien incarnée par l'espiègle Lila Poulet-Berenfeld) vraiment bienvenue et pour le coup très inhabituelle dans ce genre de superproductions. Bref, si les faiblesses et facilités sont trop nombreuses pour rendre ce « Petit Spirou » réussi, celui-ci vaut sans doute un peu mieux que les mauvais échos dont il est souvent victime, méritant au moins que l'on mette autant en valeur ses qualités que ses défauts. À vous de voir.