Excellente adaptation, cette fois-ci américaine, du roman de Patricia Highsmith. Anthony Minghella nous offre une réalisation en deux parties aux ambiances bien distinctes. Le film commence avec la divine musique « Lullaby for Cain » de Sinéad O’Connor qui annonce d’emblée la tragédie de l’histoire puisqu’elle évoque le premier meurtrier de l’humanité qui n’est autre que Cain, puis se rajoute une réplique très révélatrice donné par le fameux Tom Ripley « If I could just go back, if I could rub everything out, starting with myself, starting with borrowing a jacket », dès les premières images on voit que quelque chose cloche chez lui. Le début est très dynamique grâce aux transitions en barre, avec d’un côté du Beethoven et du Bach, puis de l’autre du Dizzy Gillepsie et du Charlie Parker, on rentre vite dans le vif du sujet. L’histoire commence dans un climat plutôt gai avec en accompagnement la belle composition « Italia » d’Harry Rabinowitz. Ce que j’appelle la première partie est « l’avant-meurtre » où règne une ambiance très joyeuse, légère et reposante à la « dolce vita » avec des paysages magnifiques, une atmosphère également très séduisante au rythme de chefs d’œuvre du jazz comme “Nature Boy” de Miles Davis, “Tenor Madness” de Sonny Rollins ou encore « My Funny Valentine ». La scène de “Tu Vuo’ Fa L’Americano” illustre parfaitement mes propos au reflet d’une belle Italie des années 50. Jude Law est rayonnant dans son personnage, avec un charisme presque intimidant et une attitude confiante d’enfant capricieux et prétentieux qui rend son jeu d’acteur excellent, tout comme celui de Matt Damon qui offre une performance impressionnante voire même terrifiante. On ressent un vrai malaise avec le personnage brillant de Tom Ripley surtout quand il s’adonne à l’imitation, un malaise accentué par l’incroyable bande-son d’Harry Rabinowitz vraiment très intéressante, à la fois douce et effrayante, mesquine et intrigante, avec notamment “Proust” qui instaure une ambiance particulièrement dérangeante. En effet cette atmosphère si joyeuse devient peu à peu pesante avec Tom qu’on découvre de plus en plus étrange au fur et à mesure qu'il s’imprègne de Dickie. Puis on bascule dans la deuxième partie du film après la scène du bateau où Matt et Jude s'avèrent être époustouflant, une scène extrêmement intense, presque dur à regarder tellement l’ambiance devient malsaine. Le côté terrifiant de Tom Ripley s'accentue, et avec un sang froid et une précision chirurgicale il s’empare de la vie privilégié de Dickie. Le jeu d’acteur de Matt Damon est si bon qu’on à l’impression de voir deux personnes différentes. L’intrigue dans la 2ème partie qui est donc « l’après-meurtre » est si ingénieusement ficelé, on découvre son plan au fur et à mesure qu'il l'effectue ce qui laisse une tension et un suspense très prenant. Tom est fascinant, on le voit se tirer d’affaire de toutes les situations. Le film devient de plus en plus sombre avec notamment des altercations entre Tom et Freddy, ou Tom et Marge qui nous révèle encore plus son vrai visage. La gaieté du jazz s’est envolé pour laisser place à la musique classique, les couleurs qui était chaudes deviennent froides et la bande-son oppressante et angoissante est de plus en plus présente menant peu à peu le film vers l’horreur. C’est dans cette 2ème partie que l’on peut réellement apprécier la performance de Gwyneth Paltrow et Cate Blanchet. La fin est d’une tristesse perturbante avec toujours « Proust » en accompagnement, Tom restera à jamais prisonnier de ses actes affreux « Don’t you just take the past and put it in a room in the basement, and lock the door and never go in there? That’s what I do. [...] And then you meet someone special, and all you want to do is toss them the key, say “open up, step inside”. But you can’t, because it’s dark... and there are demons. And anybody saw how ugly it is.”.