Nouvelle adaptation du livre de Patricia Highsmith (intitulé Monsieur Ripley) quarante ans après Plein Soleil (de René Clément, avec Alain Delon), orchestrée cette fois-ci par Anthony Minghella. Qui livrait avec Le talentueux Mr. Ripley son nouveau film juste après l’oscarisé Le Patient Anglais (qui remporta neuf récompenses dont Meilleur film et Meilleur réalisateur). Et avec un trio de choc (Matt Damon, Gwyneth Paltrow et Jude Law), autant dire que cette nouvelle adaptation avait tout pour être une seconde réussite pour son cinéaste. Cependant, Le talentueux Mr. Ripley n’a du se contenter que de six nominations (bien que « contenter » soit un bien faible mot). Pourquoi donc ? C’est ce que nous allons voir !
Dans les années 50, un jeune homme désargenté mais ambitieux du nom de Tom Ripley (Matt Damon) attire l’attention d’un milliardaire qui lui demande alors de partir pour l’Italie afin de ramener son fils Dickie (Jude Law), dépensier et frivole. Mais une fois sur place, Ripley découvre un monde entre farniente et boîte de jazz. Et y voit la possibilité d’entrer dans cet univers qui l’a toujours fait rêver, en devenant le meilleur ami de Dickie ainsi que de sa fiancée Marge (Gwyneth Paltrow). Mais Ripley est un homme qui ne fait que vivre dans le mensonge, en s’appropriant l’identité de diverses personnes. Alors, quand Dickie et son existence deviennent pour notre héros un modèle de vie idéal, Ripley se révèle être prêt à tout pour s’octroyer cette vie de rêve. Quitte à commettre l’irréparable !
Un casting cinq étoiles (qui compte également sur la présence de Cate Blanchett, Philip Seymour Hoffman, Jack Davenport et Philip Baker Hall), un cadre de rêve avec l’Italie (Rome, Venise, la Sicile…), une bande originale qui se balance entre jazz et Beethoven en passant par Bach, une mise en scène hypnotisante qui offre de somptueux plans frôlant aussi bien le mysticisme (une statue de la Vierge surgissant de l’eau) que la psychologie de pointe (Ripley filmé pendant quelques minutes par le biais d’un miroir), et un montage grandement travaillé (une séquence de meurtre dévoilée en « voix off » alors qu’autre chose est montré à l’écran), autant dire que Le talentueux Mr. Ripley avait tout pour être un nouveau chef-d’œuvre de la part d’Anthony Minghella. Même si, par moment, le film affiche un côté tape-à-l’œil qui peut en énerver certains.
Mais surtout, le réalisateur, également scénariste, à transformer son drame en véritable thriller d’une grande complexité psychologique. Qui se reflète aussi bien du côté du scénario (de part l’ambiguïté qui entoure le personnage de Ripley, que se soit son propre passé, sa véritable identité ou bien son orientation sexuelle) que de la mise en scène (encore une fois, les merveilleux plans proposés dans ce long-métrage). Ce qui permet au Talentueux Mr. Ripley d’arborer un suspense haletant et ce jusqu’à la dernière seconde. Alors pourquoi avons-nous un sentiment de déception une fois le générique de fin entamé ?
Cela se résume au fait que la durée du film fasse 2h20. Non pas qu’un temps aussi conséquent soit un défaut à proprement parlé pour d’autres films. Mais pour Le talentueux Mr. Ripley, il lui est grandement fatal. Et pour cause, on ne peut éviter de penser qu’un tel film aurait pu être plus court et bien plus efficace. En effet, avec ses 2h20 au compteur, le long-métrage d’Anthony Minghella prend excessivement son temps à raconter son histoire. À tel point qu’il nous tarde de passer au meurtre principal du livre d’origine, qui arrive ici en plein milieu du film après une exaspérante introduction qui possède bien plus des airs de carte postale qu’autre chose. Qui, en plus de cela, a bien du mal à capter notre attention. Heureusement que la seconde partie du film rattrape le tout et arrive à mettre en valeur ses grandes qualités que nous avions bien du mal à voir lors de sa première heure.
Oui, vraiment dommage que Le talentueux Mr. Ripley soit aussi long à se mettre en place et se montre ennuyeux, car nous tenions sans l’ombre d’un doute un véritable bijou du thriller psychologique. L’ensemble reste cependant de très bonne facture, alors il ne faut pas voir le paragraphe précédent comme une critique sur un détail d’un long-métrage grandement travaillé. Mais il faut bien admettre que devant un tel résultat, un sentiment de frustration ne peut être évité…