Un "survival" largement au dessus de ce que peut proposer habituellement ce genre de film, évitant la plupart des pièges auxquels les studios hollywoodiens ont tendance à tomber quand il s'agit de mettre en scène une bande de jeune dans un contexte violent, allant de la niaiserie insupportable aux personnages sans profondeurs, et même si les codes du genre sont bien présents, ceux ci sont exploités de manière plus qu'intéressante et surtout dans une ambiance efficace. En effet, quand il s'agit d'illustrer tant l'angoisse que l'atmosphère très particulière qui se rattache aux univers des différents protagonistes, le réalisateur apporte sa patte très personnelle, mélange entre esthétique et contemplation qui se ressent surtout à l'image lors de séquences assez étendues qui utilise les décors comme véritable protagoniste, par l'importance que peuvent prendre les paysages que ça soit au niveau de l'intrigue qu'à celui de la tension, de plus cette capacité à transcender l'ambiance du film simplement à l'aide de la caméra, choSe que l'on retrouve également dans son précédent film, offre une façon de regarder et vivre ce genre de film d'une toute autre façon, pas seulement dans les hurlements et le sang, car le contexte et l'atmosphère assez pesantes du film, à l'image tant que dans le sujet, permet clairement une immersion intensive et angoissante dans un monde très glauque, aux lumières crasseuses ou tout simplement par des passages de silence accompagné d'un plan large, afin d'accroître le sentiment de profondeur, il est évident que la qualité de la technique cinématographique est totalement au rendez-vous, et permet de voir sous un angle bien plus intéressant ce genre de film. Pourtant, la structure du film qui tend premièrement à exploiter l'univers des deux groupes de protagoniste pour ensuite à passer quelque chose de plus rentre dedans, n'est pas forcément évidente aux premiers instants si l'on ne sait rien de ce film, pourtant rien que l'atmosphère générale laisse présager une angoisse croissante, mais le suspense et la surprise fonctionne à merveille, laissant présager peu de chose ou tout simplement par une détonation ou une présence inattendue, le réalisateur parvient à faire bondir de son siège par une séquence pour ensuite faire dresser les cheveux sur la tête par la violence assez exacerbée dont l'intrigue prend le virage, et cela de manière assez inattendue et qui ne fait pas dans la dentelle et encore moi dans la série B, car la qualité des passages d'effroi et de barbaries sont non seulement parfaitement mis en scène, déroutant tant par les actes que leurs motivations, mais surtout ils sont totalement dans le style et l'ambiance du film, n'allant pas chercher des effets de massacres totalement absurdes ou pas adaptés, au contraire on sent cette volonté du réalisateur de mettre l'horreur au service du style de ce film, et bien sûr dans une expression assez esthétique de la violence, rappelant évidemment le goût pour ce genre d'image du grand Q. Tarantino, et quand on voit le résultat dans son ensemble, cela fonctionne sans souci et surtout sans se dire que certaines choses sont exagérées, tout semble prévus et orchestrés et bien sur dans l'intrigue on retrouve totalement la présence très pesante de cette atmosphère si particulière. Déjà dès les premiers instants, on ressent bien cette volonté de poser un cadre très marqué afin d'y développer au mieux l'histoire racontée, totalement en harmonie avec ce qui se joue à l'écran, et encore plus un fois que le fil conducteur se met en place, et bien que l'ambiance été travaillée pour faire monter la tension crescendo, on en est pas moins surpris lorsque la situation change de ton, tout en conservant du début à la fin une mise en scène très soignée, une photographie pensée dans chaque détail et bien sûr la musique qui met encore plus en relief l'aspect stressant du film, ainsi de cette manière le scénario prend une tournure et un sens bien barré tant par ce qui est raconté que ce qui est montré, de nombreux passages font effet de façon incroyable, d'autant plus que tout le contexte est réfléchi, pas un simple étalage de violence démesurée, le but étant clairement de donner du sens et de la crédibilité à cette histoire, et quand on pense à son précédent film "Blue Ruin" qui proposait le même type d'approche mais plus dans le genre du "revenge movie", à la fois contemplatif, réaliste et plein de sens sauf que la grande différence ici réside évidement dans le rythme général bien plus puissant et cadencé sans non plus tomber dans le déroulement d'action sans cesse, on se retrouve bien plus facilement emporté devant ce à quoi on assiste par cette façon de jouer au yoyo avec l'attention et le stress, n'hésitant à être très cru mais toujours au bon moment créant surprise et étonnement à l'égard de nombreuses scènes, ainsi qu'un certain intérêt pour l'aspect sociologique qui est mis en lumière par le contexte de l'intrigue, chose bien développée sans trop tomber dans la dénonciation exacerbée. En rajoutant à cela une palette de personnage bien diversifiée, totalement stéréotypée vis à vis de leur appartenance sociale afin d'accroître le sentiment d'immersion et la crédibilité de ce qui est raconté, pourtant la majorité d'entre eux non que très peu d'expérience d'acteur et malgré tout on sent bien que l'on dépasse les simples adolescents prédestinés à la mort, plein de cris et de pleurs de terreur dans leur propos, bien au contraire non seulement leur destin n'est pas évident à établir et d'autant plus surprenant dans le traitement de ces scènes la, ne jouant pas du suspense inutile et tout ces genres d'artifices souvent bien lourds, mais surtout il donne une valeur supplémentaire à l'ensemble de l'intrigue et il est indéniable par contre que c'est clairement P. Stewart qui représente le mieux ces concepts, tant par le flegme et le calme qu'il incarne malgré son rôle et le déroulement des événements, tant par le personnage qu'il joue et sa manière d'agir face à la menace, tout étant encore une fois parfaitement calculé et expliqué sans superflu ou exagération, ainsi il offre une prestation de haut vol et bien que le protagoniste soit déjà incroyable sur le papier, sa place dans l'intrigue et ce que renvoi P. Stewart dans ce rôle en font une dès clés de voûte de la réussite de cette histoire. Ainsi J. Saulnier prouve sa capacité à traité des genres bien particuliers et surtout très souvent fait sans grande qualité scenaristique ou cinématographie, de façon très personnelle, ou images et plans sont au service du scénario et offre des alternatives à ce dont on est habitué à voir quand il s'agit de s'aventurer sur des terrains éprouvés depuis bien longtemps et sans évolutions notables, ce film la étant suffisamment puissant pour rendre cela encore plus évident, et non seulement on arrive à trouver de l'intérêt autant dans l'intrigue que dans l'image ou les scènes de violence, tout y est au diapason et même si le rythme peu paraître assez inégale et la conclusion simpliste, on en reste pas moins totalement pris au jeu, mais surtout on est surpris autant par l'histoire et son traitement que par la qualité technique et l'ambiance mise en place, ainsi difficile de ne pas être happé malgré soi dans cet univers trash, gore et cinglé à souhait, cela se ressentant à tout les niveaux du film.