Dans la catégorie des cinéastes prometteurs ayant montré leurs frimousses ces cinq dernières années, Jeremy Saulnier, avec son précédent Blue Ruin, tient une place de choix. D'une vieille carcasse bleue et une vengeance éreintante, nous passons à une chambre verte et à un survival sanguinolent. Saulnier, dans un élan de violence, d'angoisse et de total nihilisme confronte un groupe de metal Punky à une bande de néo-nazis sans pitié, une jeunesse un brin délurée à l'organisation criminelle d'une bande de rednecks violents, une bande sous les ordres d'une vieille gloire locale du pouvoir blanc. C'est brutal, sanglant et sans concession, le cinéma de Saulnier dans sa plus pur démonstration, quand bien même il s'agisse seulement de son second long-métrage.
Mais soyons franc, on ne retrouvera pas dans Green Room, la précision, toute l'intensité de Blue Ruin. Concrètement, ce second film privilégie une approche d'avantage simpliste, une approche sans entournure qui propulse une poignée d'individus dans un tourbillon de mort de de violence sans réelle autre motivation que d'offrir un survival dans sa plus stricte définition. Qui y passera? Qui et comment les survivants s'en sortiront? Seules ces questions semblent avoir une quelconque importance aux yeux du cinéaste, celui-ci orchestrant un jeu de massacre parfois poussif mais toujours réaliste, d’où parfois une sensation de malaise face à la brutalité proposée, face au nihilisme de la situation.
Un sentiment de malaise bien sûr renforcé par la certitude qu'il s'agit là du dernier tournage du jeune et prometteur Anton Yelchin, disparut accidentellement depuis. On notera au passage qu'Imogen Poots, en jeune disciple du racisme locale, fait excellente figure et que Patrick Stewart, à contre emploi, dans le rôle du machiavélique chef de bande, fait une très belle prestation.
Un film, donc, qui s'adresse aux amateurs d'un cinéma sans concession, d'un cinéma brut de décoffrage, d'un cinéma inventif mais qui pourrait pêcher, en certaines occasions, par excès de zèle. Pour ma part, si j'ai passé un agréable moment devant ce Green Room, j'en attendais mieux de Jeremy Saulnier, un cinéaste qui fût plus convaincant avec son premier long-métrage. Question de point de vue. 13/20