Ce n’est pas parce que l’on chante bien que l’on a du talent et si tant est c’est le cas, il n’est pas nécessaire de se propulser sous les feux de la rampe. On peut très bien avoir du talent et rester anonyme. Que faut-il entendre par « talent » ? N’est-ce pas une notion subjective ? Et puis surtout, on peut se contenter de peu. Que veut dire « peu » ? Se marier, fonder une famille, consacrer du temps à sa compagne (ou son compagnon), à ses enfants, lutter pour subvenir à leurs besoins, faire en sorte que sa famille ne manque de rien, avoir des projets, mener une vie tout simplement simple est-ce pour autant « peu » ? Pourquoi vouloir toujours plus ? Pourquoi vouloir viser plus haut ? Pourquoi vouloir être plus fort que l’autre ? Pourquoi vouloir tout simplement paraître ? Ne pas avoir d’ambition est-ce une tare ? Comment interpréter «l’ambition » ? Vouloir vivre une vie simple n’est-ce pas justement compliqué, n’est-ce pas une lutte permanente ? Et par dessus tout, la priorité des priorités, n’est-ce pas d’aimer et d’être aimé ? La France d’en-bas n’est en aucun cas dénuée de talent. La France d’en-bas peut être une France généreuse, courageuse, artistique, créative. Mener une vie soi-disant ordinaire n’a rien de péjoratif, rien de méprisant. Voilà ce que nous dit en substance Alex Lutz et son compère Bruno Sanchès. Voilà un film de potes plus nuancé, plus dégourdi que le navrant « On voulait tout casser ». Certes, « Le talents de mes amis » n’a rien d’exceptionnel mais par petits instants il y a d’intéressantes trouvailles dans la mise en scène. Et les seconds rôles sont bien équilibrés. Lutz a trouvé, pour son premier film, un doux dosage évitant le piège de l’égocentrisme. Et enfin, j’ai apprécié que son personnage influençable et influencé, ne parvient pas à réussir dans la chanson. Ici, pas de contes de fées en carton. Juste une réalité qui parle à un grand nombre d’entre nous. Son personnage a cru aux miroirs aux alouettes, il est allé de désillusion en désillusion. Un personnage non seulement ordinaire mais naïf. Lutz a opté pour un personnage qui s’est dupé, qui s’est trompé dans sa trajectoire de vie. Un personnage qui n’a pas vu ou voulu voir combien sa vie n’était pas si mal que ça. Maintenant, employé dans une agence d’assurance-vie ne semblait pas l’épanouir. Combien sommes-nous dans ce cas à faire un boulot qui nous déplaît ? Combien d’entre-nous allons au boulot avec un boulet à la jambe ? Rien ne nous empêche de changer de vie, mais elle ne signifie pas pour autant plus d’argent, plus de notoriété, plus de puissance. Elle peut signifier « tranquillité d’esprit ». Voilà ce que « Le talent de mes amis » résonne (ou raisonne) en moi…