Je n'ai pas été très convaincu par ce polar populaire, avec comme toile de fond l'embrigadement de jeunes musulmans d'horizons divers et variés (breton, malien, marocain) et désireux de se radicaliser pour effectuer le jihad au sein d'une cellule terroriste dirigé par un ultra fanatique ne parlant même pas l'arabe.
Certes, le réalisateur met assez bien en évidence les différents états psychologiques des terroristes et du journaliste infiltré à mesure que la cellule monte en puissance, mais la tension retombe lorsque le scénario s'emmêle les pinceaux au point de donner au film un final grotesque digne d'un mauvais épisode de navarro.
C'est bien dommage car j'avais bien aimé le début mais franchement le film ne s'assume pas, surtout à la fin et c'est justement pour cela qu'il s'agit d'une réelle fiction et non, comme disent certains, d'une éventuelle prédiction aux attentats du 13 novembre dernier :
Dans "Made in France", la cellule, pilotée par un fou furieux, est non réseauté à une toile terroriste qui ourdirait une succession d'attentats simultanées sur Paris. Or c'est exactement ce qui s'est passé le 13 novembre. Et sans parler de cette triste date, une cellule active sur le sol français est bien souvent réseauté sur le plan national ou international. Par ailleurs les terroristes sont généralement très déterminés pour les objectifs qu'ils se sont fixés (2010 : attentat manqué contre le recteur de la mosquée de Paris ; 2011 : arrestation de 8 ressortissants jihadistes à Nice, formé en Afghanistan et prêt à frapper en France, 2013 : démantèlement de la cellule islamiste Torcy-Sarcelles-Cannes, considéré comme le groupe terroriste le plus dangereux jamais démantelé depuis 1996, etc.) . Dans "made in france", certains sont fragiles psychologiquement et peu apte à passer véritablement à l'acte : c'est "la cellule molle". Le film aurait du donc allé jusqu'au bout de cette logique meurtrière froide et calculée (et malgré tous les cas de conscience des membres de cette cellule) sans avoir recours à des rebondissements loufoques entraînant un final très peu probable. On sait que le terrorisme réseauté monte en puissance depuis ces quinze dernières années en France, pourquoi alors Boukhrief a-t-il misé sur une cellule agissant comme un copycat isolé et implosant à la fin du film sans aucune intervention musclée de la police ? Cela aurait donné je pense un peu plus de réalisme à cette fiction.
Alors oui, Boukhrief annonce la couleur : ce film relate un fait de société, à savoir, comment des citoyens français arrivent-ils à tuer d'autres citoyens français au nom d'une idéologie ou d'une religion. Mais les réponses, malheureusement, sont déjà connus depuis longtemps et le fait de balancer de nouveau les mêmes refrains ne nous apporte pas grand chose (endoctrinement et lavage de cerveau, parent tué par un soldat français, musulmans perdus dans une société occidentale corrompue et pernicieuse...). Nicolas Boukhrief se cantonne uniquement à un quasi huis-clos pour mettre en exergue le chemin emprunter par ses personnages pour passer à l'acte. Mêmes si l'intention est louable, j'attendais peut-être plus de ce film.