On ne peut pas dire que Nicolas Boukhrief ait eu beaucoup de chance avec la sortie de ce film. Là où, il pensait ne signer qu’un film d’action, assez lambda du reste, sur fond de terrorisme, on lui oppose, compte-tenu de l’actualité, un certain manque de profondeur sur le sujet. Si l’on replaçait « Made in France » hors du contexte de l’affect, avec une autre source d’action terroriste, que resterait-il ? Pas grand-chose, car au final, il n’est franchement pas très bon.
Le scénario s’oriente au départ dans une direction précise avec la constitution d’une cellule terroriste jihadiste à Paris en vue de perpétrer des attentats. Elle est menée par un chef qui se veut charismatique, soutenu par quatre jeunes hommes issus de milieux différents, dont Sam, journaliste qui est l’infiltré de l’histoire. Cette vision de départ est plutôt honnête, les prêches, les ZUP « abandonnées » en opposition avec les zones pavillonnaires proprettes et dortoir, le dépit envers la société, contextuellement on y retrouve tous les lieux communs teintés d’une certaine réalité, jusqu’à l’Audi qui transporte le petit groupe. Boukhrief tente de démontrer combien il est facile de manipuler les esprits pour les mener aux pires exactions, sans qu’il y ait pour autant un vrai fondement. Puis très vite, la forme du film évolue vers un recentrage sur le quintet où suspicion, paranoïa, doutes prennent le pas. L’action terroriste devenant alors un mince prétexte à une mise en œuvre de l’action, façon série policière de luxe à la française.
On aimerait s’attacher aux personnages, mais là aussi, les portraits dressés sont un peu caricaturaux et trop superficiels pour provoquer un réel intérêt, d’autant plus que le jeu des acteurs est assez inégal (entre un excellent Nassim si Ahmed et un théâtral Dimitri Storoge). Les faire évoluer dans une espèce de huis clos, même si cela sert le récit, pénalise beaucoup la crédibilité de l’ensemble, au point que cela paraît trop aisé (achat d’armes, absence totale des « réseaux », provenance de l’argent…). La trame en soit n’est pas mauvaise, mais le traitement reste en surface, Boukhrief visant plutôt la course aux bons plans qui marqueront son public.
L’intérêt du film décroit progressivement et ce n’est pas la scène finale (Boukhrief en panne d’inspiration sur son scénar devait mater « Les 39 marches » ce soir-là) qui le sauvera !