Saroo - prononciation enfantine pour « lion » en hindi – est un enfant de la misère de 5 ans vivant dans un bidonville rural du milieu de l’Inde, survivant de menus larcins et de besognes d’esclave avec sa mère, son frère ainé et sa petite sœur. Accidentellement enfermé dans un train de marchandises durant plusieurs jours, il finit perdu à 1600 km de chez lui, dans la gare ferroviaire de Calcutta, mégalopole sale et misérable, surpeuplée, redoutable de dangers, et noyée d’indifférence et d’anonymat. Ce véritable portrait de la détresse esseulée d’un tout-petit, autant que de la misère urbaine, pourrait déjà faire un bon film. Mais au-delà de la tragédie de ce miraculé de la famine, de la maladie, du trafic pédophile, des traumatismes et des sévices des orphelinats-prison, le miracle continue par un autre éloignement à 11 000 km, lors de son adoption dans une famille aisée de Tasmanie.
20 ans plus tard, en jeune Australien assumé mais toujours torturé de cauchemars et d’hallucinations, tout lui hurle de quitter douloureusement son pays, ses parents et sa copine, pour retrouver sa famille naturelle. Cinq années de recherche, subordonnée à ses souvenirs d’enfant de 5 ans et à un scrupuleux quadrillage d’un immense pays sur Google Earth, semblent enfin aboutir.
Cette magnifique épopée, tirée de la véritable histoire de Saroo Brierley, est un extraordinaire cri d’alerte et d’horreur dédié aux 80 000 enfants Indiens perdus par an. Simple, merveilleux, dramatique, grandiose et extraordinairement psychologico-sentimental, il ne repose pas tant sur la succession factuelle, mais sur l’évolution et la lutte intime du héros à accomplir sa destinée et son rêve. Ceux qui vivent très loin des lieux de leur enfance apprécieront d’autant plus ce véritable chef d’œuvre ponctué de diverses leçons de vie, de courage et de tolérance. On en ressort bouleversé, en larmes, le cœur battant, embelli de tristesse, de joie, d’espoir, d’accomplissement et d’amour.