Jusqu'à l'arrivée de "Lion" sur les écrans, le nom de l'australien Garth Davis n'était connu qu'au travers de ses nombreux films commerciaux et de sa réalisation de 4 épisodes de la série "Top of the lake". Avec "Lion", le voilà propulsé au firmament du cinéma mondial avec la bagatelle de 6 nominations aux très prochains Oscars, dont celle au titre de meilleur film. Le scénario est une adaptation du livre autobiographique de Saroo Brierley, écrit en 2012, paru en France sous le titre "Je voulais retrouver ma mère" et réédité dans notre pays au début de cette année sous le titre "Lion". En 1986, à l'âge de 5 ans, Saroo Brierley, se retrouvant piégé dans un train dans lequel il s'est endormi et qui, retournant au dépôt, ne s'arrête jamais, se retrouve seul à Calcutta, à plus de 2000 km de chez lui, sans papier, ne parlant pas la langue locale. Il va d'abord devoir apprendre à survivre dans une ville où le trafic des enfants est monnaie courante, puis passer par la case orphelinat avant d'être adopté par une famille australienne qui va lui permettre de s'épanouir, de poursuivre des études et de trouver l'amour. Sauf que, même si on est pleinement heureux dans sa famille d'adoption, le désir de retrouver sa famille d'origine peut toujours, un jour, se manifester brutalement, par exemple lors d'un repas avec des amis. Mais comment retrouver le village d'où l'on vient dans un pays de plus d'un milliard d'habitants quand on n'a en mémoire que le temps passé dans le train, donnant une vague indication de distance, et la vision d'un château d'eau le long de la voie ferrée ? De cette histoire, Garth Davis aurait pu tirer un film qui ne soit que tire-larme. Heureusement, il n'en est rien : certes, tout du long, "Lion" génère une grande émotion, mais elle reste largement dans les limites du supportable et, par ailleurs, à côté de cette émotion, d'autres qualités pointent leur nez de façon évidente ! Tout d'abord, le réalisateur a su exploiter au mieux les qualités de comédien de Sunny Pawar, le très jeune interprète de Saroo âgé de 5 ans, dans les difficultés vécues à Calcutta, difficultés qui permettent d'aborder le problème des 80 000 enfants qui, chaque année, disparaissent en Inde. Ensuite, Garth Davis a su donner une peinture attachante de la famille formée par Saroo, ses parents adoptifs et Mantosh, l'autre enfant adopté par le couple. Il est évident que les qualités de comédien de Dev Pavel ("Slum Dog Millionaire", "Indian Palace" et "Indian Palace : suite royale") qui prend la suite de Sunny Pawar dans le rôle de Saroo et celles de comédiennes de Nicole Kidman, qui joue la mère adoptive, et de Rooney Mara, la petite amie Lucy; ont toute leur place dans cette réussite. Dans la troisième partie du film, lorsque Saroo se met en tête de retrouver sa famille d'origine, c'est surtout le montage que l'on remarque, avec des flashbacks cinématographiques qui correspondent aux flashs qui apparaissent dans la mémoire de Saroo concernant son malheureux périple en train. Au bout du bout, ce premier long métrage de Garth Davis s'avère être une réussite prometteuse.