Voilà un film qui raconte une histoire étalée sur 25 ans, avec des thèmes universels.
L'histoire commence en 1999 au fin fond de la chine rurale et minière, ce qui permettra de comprendre l'évolution des trois premiers personnages de la première partie et l'histoire de deuxième partie située en 2015 puis la fin remarquable située en 2025.
Deux hommes, amis de longue date, l'un issu d'un milieu pauvre et travaillant à la mine, l'autre ayant prospéré avec sa station-service, sont tous les deux amoureux de Tao, jeune fille étudiante de la classe moyenne provinciale chinoise.
Tao finit par choisir l'aisance financière, qui, pense-t-elle, permettra de donner une meilleure éducation à son futur enfant dans ce milieu difficile.
Mais cela ne va pas se révéler aussi simple. Le père, aveuglé par l'argent dans cette région pauvre, devient de plus en plus autoritaire et mégalomane, et a les plus hautes ambitions pour son fils, jusqu'à partir avec lui, sans la mère, en Australie.
On en arrive alors à la deuxième partie, centrée sur les difficultés financières et les problèmes de santé de l'ancien amoureux de Tao et la recherche de la rédemption de la part de celle-ci. On ne voit pratiquement plus le père, mais il est omniprésent dans le récit qui montre son autoritarisme vis à vis de son fils et son égoïsme vis à vis de son épouse Tao.
La troisième partie du film, peut-être la plus importante, étudie le point de vue du fils, expatrié en Australie, qui ne parle plus qu'anglais, qui a perdu sa culture chinoise
(tout en étant considéré comme l'étranger par ses camarades australiens)
, et qui à 25 ans se pose des questions sur ses racines et son identité. Ce fils va trouver un soutien auprès de son professeur de chinois en Australie
(un comble pour un chinois d'origine)
, expatriée comme lui, ayant elle aussi des problèmes de relation avec sa mère âgée qui est au Canada et son ex-mari. Le point clé est la réaction du fils qui décide de se révolter et d'aller contre l'avis de ce père autoritaire vivant reclus en Australie, jouant constamment avec ses armes à l'instar des américains et tombé dans la déchéance suite à la crise financière. Le film montre qu'un enfant, dont le père lui a fait perdre sa culture, son identité et la relation maternelle,
(je ne parle pas des problèmes de radicalisation actuels, mais simplement de changement de culture et de rupture de lien avec la mère)
, doit se poser lui-même des questions et une fois adulte, prendre l'initiative de reconstruire les liens avec sa mère, qui elle, n'a cessé de penser au bien de son fils.
La mise en scène est remarquable, la réalisation est tout en finesse, avec beaucoup de retenue, mais très efficace.
L'utilisation du changement de format du film pour montrer le changement d'époque est bien réussie. Le choix de la musique donne une petite note d'optimisme au film.
Les thèmes de l'amour et du choix de son avenir, de l'autoritarisme du père, de l'éloignement des enfants de la mère jusqu'à la rupture identitaire et maternelle, sont des thèmes universels, vus avec la sensibilité chinoise, mais transposables à toutes les cultures.
Ce qui est très intéressant dans ce film, c'est l'attitude de l'enfant devenu adulte.
Cela pourrait être profitable, me semble-t-il, à nombre de cas semblables.