Que la bande annonce m’a ému et donné une envie irrépressible de voir ce mélodrame sur fond de fracture générationnelle. Sur un format 2’ bien monté l’émotion prenait bien ; sur le format 2 heures, la longueur et les approximations scénaristiques condamne ce qui semblait être le mélo de l’année. Jia Zhang-Ke, avec « Touch of sin », avait réussi à nous montrer les dommages sur les individus du passage de manière brutale de la Chine à l’économie de marché et à la mondialisation. Là, il utilise le mélodrame en découpant son film en trois parties pour nous montrer l’évolution des rapports humains et familiaux au travers d’une famille. Chaque partie correspond à une époque : 1999 puis 2015 puis 2025. Ambitieux et intéressant de se projeter sur 25 ans. La première partie est un « Jules et Jim » chinois un peu longuet et résolument sirupeux, mais on adhère aisément surtout que les premiers plans sont hyper efficaces. On y voie la Chine de province pas prête à subir de plein fouet ce changement. Et puis dans la seconde partie, on commence à voir les effets de la mondialisation : montée des divorces, de la solitude, de l’incommunicabilité inter générationnelle mais aussi avec les exilés, l’impérialisme de l’anglais,… Et dans la troisième partie, c’est le futur et le constat tragique des dégâts occasionnés sur les générations de déracinés. Et là, c’est navrant, un traitement à la truelle des rapports humains, de la place prise par la technologie les familles et l’incommunicabilité qui en découle. Quel gâchis ! Même si le reste ne tenait pas du chef d’œuvre, cette dernière partie est pitoyable. Et puis tout au long du film, de nombreuses options scénaristiques nous laissent pantois :
le choix initial amoureux de Tao est déjà peu compréhensible ; le crash de l'avion dont on ne comprend pas bien l'enjeu ; la mort du père, sutr dramatisée ; Lianzi, malade, dont le personnage disparaît purement et simplement du scénario sans raison ; la mère éclipsée dans la dernière partie ; l’histoire d’amour entre Dollar et sa prof est un grand huit mélodramatique irréaliste
;… Zhang-Ke a tout de même un sens du cadre tout au long du film ; même si c’est uniquement sur les premiers plans et les derniers qu’il les exploite le mieux. Ensuite, il ajoute la coquetterie formelle d’élargir le cadre à l’image de la Chine s’ouvrant au monde entre les trois périodes ; mais quel intérêt en fait ? J’aurais tellement aimé adorer ce film, mais trop froid et trop maladroit… Heureusement que la douceur des 2 actrices et de l’acteur jouant l’amoureux transis apportent à chaque plan la touche mélo attendue.
Image en filagramme des mutations de la société chinoise pour mélodrame faisant flop.
Culturo poing : « Le dernier plan, magnifique et élégiaque, (…) sans doute l’un des plus beaux vus cette année, n’y changera pourtant rien : Au-delà des montagnes est film bizarrement absent, boiteux, oscillant du sublime au confondant, empêtré dans sa volonté criante de faire œuvre en nous assénant sa dialectique terre-à-terre. »