Un film d’une ampleur rare, qui nous entraîne à travers le temps (trois époques : 1999, 2014 et… 2025) et l’espace, d’où surgit une vague (comme le prénom de l’héroïne, Tao) d’émotions.
Jia Zhangke nous propose ici une double fresque, à la fois individuelle, à travers le destin d’une femme, magnifiquement incarnée par Zhao Tao (femme et égérie du cinéaste), et collective, où l’auteur de Still life nous donne à voir son pays basculant dans un capitalisme sauvage, brisant les êtres, leurs sentiments, leurs liens… Pour mieux rendre cette évolution, il multiplie les formats, passant du 1.37 pour nous décrire une Chine encore industrielle et rurale, au 1.85 et, enfin, au 2.35, dans le final, un futur - proche - aseptisé (à l’image des tablettes, devenues transparentes) où la difficulté de communiquer est douloureusement rendue par la nécessité, pour le fils, de prendre son professeur comme interprète pour s’adresser à son père…
La scène qui clôt Au-delà des montagnes est d’une beauté absolument renversante. S’il se résumait à elle seule, ce film serait déjà un chef-d’œuvre…
Go West… Cette chanson des Pet Shop Boys ouvre et ferme le film. Sur la première image, Tao est tout sourire. Sur la dernière, nous sommes comme elle… En larmes. Le rêve d'un monde meilleur, où tout serait possible, est illusoire...