Eye in the sky n'est pas forcément un grand film au sens artistique du terme, mais il est très intéressant pour son côté quasi-documentaire sur l'orientation que prend aujourd'hui, et pour les années à venir, l'engagement armé dans la guerre, notamment aérienne. Une nouvelle génération de soldats est en train de voir le jour sous nos yeux depuis l'avènement des drones, pilotant à plusieurs milliers de kilomètres de distance leurs appareils. Forcément, la distance entre le pilote et son objectif ne peut pas être que physique. Viennent à se poser des questions que les pilotes "ancienne génération" ne se posaient pas avec autant de force. L'ennemi est une image vidéo sur un écran, il est loin, il ne peut pas faire de mal au pilote, c'est une guerre froide, distante, analytique, contrairement à celle des pilotes d'avions d'armes qui, eux, survolent souvent leur objectif, voire le regardent de leurs propres yeux. Forcément, lorsque la réalité en chair et en os survient, au travers d'une petite fille qui se place près de l'objectif à détruire, la distance vole soudain en éclats, et les sentiments humains apparaissent. De ce point de vue, le film est très réussi. Idem pour l'illustration du manque de courage dans la prise de décision politique. Quelle gifle ! On a beau savoir que cela se passe "sans doute" comme cela dans la réalité, le voir ainsi à l'écran reste un acte violent dans son genre... Moins enthousiasmante, la couleur générale du film et le tempo narratif : certaines scènes auraient pu être raccourcies et d'autres, au contraire, rallongées. Enfin, mention spéciale aux acteurs Helen Mirren et le regretté Alan Rickman, qui aident tous les deux à donne corps à ce film froid.