Tombé par hasard sur un petit résumé du film et plutôt friand de thèmes autour du côté sombre de cette fête sensée être joyeuse, j'admets ne pas avoir été déçu. Avec un moindre budget mais des idées pleins la hotte ainsi qu'une bonne distribution d'acteurs, Michael Dougherty montre que même à l'heure actuelle il est possible de confectionner de petits bijoux dans le domaine pourtant mis de côté de la comédie fantastique-horrifique. Il nous sert en prime un conte résolument sombre dans son approche avec un aspect huis-clos plutôt bien amené au vu du sujet, néanmoins un humour salvateur vient ponctuer de ça et là certains passages pour nous rappeler que non ce film ne tient pas à boxer dans la même catégorie que bon nombre d'autres longs-métrages surfant bien plus sur le genre épouvante. Comme beaucoup d'internautes ayant commenté avant moi, j'ai grandement ressenti que Dougherty s'inspirait du travail de Joe Dante (Gremlins) et j'irai même jusqu'à dire que par moments on retrouve aussi l'influence de Chris Colombus (Harry Potter 1 & 2).
L'ouverture du film est tout bonnement excellente : si vous aussi vous trouvez que Noël sent un peu trop l'opération marketing et les prétextes à se foutre sur la gueule parce qu'un autre parent veut le même cadeau que vous et qu'il n'en reste plus qu'un exemplaire, vous apprécierez certainement le décalage et la subtilité du comique de situation. Passé ce détail, nous découvrons donc les dissensions et les conflits ouverts de la famille du petit protagoniste Max Engels. Ce dernier veut encore croire à l'esprit de fête et espérer que ça ira, au point d'écrire une lettre pour Santa Claus. Seulement ses efforts sont ruinés et de dépit il déchire la lettre avant de la jeter au dehors, mettant en place les rouages d'un réveillon peu commun. Bientôt une tempête de neige s'abat et des évènements étranges ont lieu. Max et sa famille vont devoir s'unir pour combattre un esprit maléfique répondant au nom de Krampus... Les conditions météo sont réalistes (on a l'impression d'être perdus et désorientés dans la neige, le vent et d'être glacés par le froid), l'environnement chaleureux et lumineux du début laisse place à une ambiance bleutée, sombre et menaçante. Au niveau des effets spéciaux on en aura pour tous les goûts : de la 3D certes, pas trop mauvaise mais anecdotique, puis surtout de l'animatronique qui mine de rien rend les choses légèrement plus glauques
notamment avec les créatures de l'attaque dans les combles -un robot, un ours en peluche avec une tête de tueur, un poupon-ange dérangeant et un putain de clown-chenille au masque de porcelaine très convaincant !-
, mais le clou du spectacle reste évidemment la venue du Krampus :
silhouette funeste à peine entrevue au départ, il se présente comme un monstre intimidant, digne du croquemitaine, équivalent de notre Père Fouettard chez les peuples anglo-saxons et germaniques (folklore symbolisé par le récit façon film d'animation de la grand-mère allemande de Max, qui a toute sa place et rendant d'autant plus redoutable l'apparition du démon)
. J'ai été soulagé de voir que ce personnage central n'était pas bâclé au point de sombrer dans le ridicule, Dougherty n'a rien laissé au hasard et à voulu donner à sa créature plus qu'une apparence, une présence similaire à une sorte d'ange de la mort sorti d'un cauchemar d'enfant (encore une fois, merci les prothèses et l'animatronique !).
Quant aux acteurs, c'est toujours plaisant de retrouver Toni Collette, toujours juste dans ses rôles de mères courage, Adam Scott de Parks And Recreation qui campe ici un père dévoué à protéger sa famille, David Koechner que je suis depuis The Comebacks (2008) et qui excelle dans les rôles de beaufs marrants mais attachants, Allison Tolman de la série Fargo et vue récemment dans le très bon The Gift (2015) s'en tire bien dans son rôle et enfin Emjay Anthony que l'on retrouve dans la récente adaptation du Livre de la Jungle incarne un jeune garçon à la fois candide, désespéré et mis à rude épreuve mais servant de lien entre chaque membre de son entourage.
Certes, on déplorera certaines séquences qui tomberont dans la facilité comme la classique opposition des démocrates petit-bourgeois intellectuels VS républicains prolos bas-du-front avec ribambelles de mômes, les portraits parfois caricaturaux de la plupart des personnages, la manière dont certains se font enlever de manière très cartoonesque ou encore des incohérences comme le fait que la grand-mère de Max s'exprime le plus souvent en langue allemande alors qu'au cours de ses explications elle s'avère capable de parler l'anglais ce qui oblige son fils et/ou son petit-fils à traduire derrière, mais ce ne sont que de menus détails qui ne gâcheront pas tant que ça le visionnage. Et le plus beau pour la fin : un twist réussi qui clôt ce film de façon convaincante tout en laissant une libre interprétation de l'avenir des personnages.
Au final, Krampus est un petit film sans prétentions, plein de charme et avec un esprit très 90's (j'avais trouvé une ambiance similaire dans La Tempête du Siècle qui remonte à 1998) que je recommande vivement ne serait-ce que pour se convaincre que de petites pépites peuvent parfois émerger lorsqu'on sait réunir les bons ingrédients. Et surtout ne remisez pas votre esprit de Noël au placard, car "le Krampus prend mais ne donne jamais" !