Ah Noël, il n’existe pas d’autre fête qui a été autant mise à l’écran dans toute l’histoire d’Hollywood (et ouais : même Halloween peut aller se rhabiller !!) et encore plus quand il s’agit de côtoyer le genre fantastique/horreur ("Black Christmas", "Santa Claws", "Silent Night", "Christmas Evil", "Elfes", "Terreur dans la Nuit", "Jack Frost", "2ème Sous-Sol", "Gremlins", "Douce Nuit, Sanglante Nuit 1à5"…). S’étant déjà frotté à Halloween avec inégal "Trick ‘r Treat", Michael Dougherty tente cette fois-ci de nous aider à retrouver l’esprit de Noël dans un conte horrifique qui trouve ses origines dans le folklore européen (et plus précisément germanique : Allemagne, Autriche et Pays-Bas)…et au final, "Krampus" s’avère tout aussi inégal que son prédécesseur. Pourtant, le film commençait bien en donnant d'entrée le ton : une première séquence dans un magasin
qui se transforme en un incroyable champ de bataille où parents et enfants s'arrachent jouets, sapins et autres décorations
; le tout au ralenti et avec pour fond sonore une chanson traditionnelle de Noël… « L’esprit » de Noël dans toute sa splendeur !! Puis s’ensuit logiquement une exposition des personnages autour d’un repas de famille qui va vite dégénérer entre d’un côté les modérés (le père, la mère, la grand-mère et le fiston qui croit dur comme fer au Père Noël) qui ont l’esprit festif, et de l’autre côté les « beaufs » (la sœur, le beau-frère, les deux insupportables cousines et la vieille bique de tante) qui ne peuvent s’empêcher de balancer reproches et piques cyniques à foison (de vrais électeurs de Donald Trump !! ^^) Il est clair que le métrage a décidé de balancer un grand coup de pied dans la vision idyllique de la fête de Noël ainsi que de l’image de la sacro-sainte famille américaine : et ça marche du tonnerre de dieu ! Les personnages sont assez stéréotypés pour qu’on s’y attache facilement et, au fur et à mesure que le récit avance, certains ne pourront s’empêcher de penser « Hey, mais c’est MA famille ça !! » Puis peut à peu, l’étrange s’en mêle, et le récit fait parfaitement monter la pression crescendo jusqu’à ce que l’horreur pointe enfin le bout de son nez…et c’est là que le film n’arrive jamais à décoller : même s’il propose de bonnes idées, le métrage n’arrive jamais à prendre partie sur ce qu’il doit réellement être, à savoir soit une farce macabre et sanglante assumée, soit une comédie de trouille familiale. Quand les acolytes du Krampus assaillissent la maison, on a droit à des monstres plutôt bien réussis dans la mesures où on rend des images de Noël diaboliques et dangereuses (
les bonhommes en épices, l’ange, le nounours, le clown à ressort
) ; puis après on a des elfes qui débarquent limite ridicules et semblant être venus tout droit de "Dark Crystal" : le contraste entre les deux tourne à la parodie et nuit considérablement à la crédibilité du métrage, et ce malgré la représentation flippante réussite du Krampus lui-même ! Et lorsque ces mêmes acolytes entrent en action, même si leurs gestes sont réellement machiavéliques et mortels, le film se refuse tout débordement gore qui serait pourtant les bienvenus : finalement, le jeu de massacre n’a jamais vraiment lieu et on reste sur sa faim car au lieu de voir un sympa film d’horreur, on a l’impression d’assister à un Disney aseptisé un poil sombre ! Alors on pourra toujours dire que le petit budget du film (15 millions de dollars tout de même !) a obligé à faire des concessions, mais je ne pourrais pas être de cet avis, ayant déjà vu des films mélanger facilement gore et humour et/ou proposer de belles scènes sanguinolentes malgré leur faible budget ("Bienvenue à Zombieland", "Bad Taste", "Shawn of the Dead", "Feast", "Tucker & Dale", "Gremlins", "Braindead", "Black Sheep", "Doghouse", "Cockneys VS Zombies", "Evil Dead 1&2"…) Mais heureusement, pour nous, le film nous réserve encore d’autres surprise comme le très bon passage flashback entièrement en animation ou encore le dernier acte qui nous propose un twist très surprenant mais vraiment agréable qui ne laissera pas indifférents les fans de "Les Contes de la Crypte" ! Entre une introduction prometteuse (la « magie » de Noël mise à mal) et un épilogue bienvenu (exit le happy end !), "Krampus" est un conte macabre qui manquent de férocité où le véritable enfer demeure l’arrivée de la tante et son mari accompagné de leurs incontrôlables morbacks et de la vieille tante alcoolo ! Cette rencontre improbable entre "Gremlins", "Maman, J’ai Raté l’Avion" et l’univers gothique de Tim Burton n’arrive jamais à trouvé son véritable statut et le film finit par devenir trop flippant pour les jeunes, mais pas assez pour les grands. Heureusement, en plus d’être un véritable hommage réussis aux films de genre se passant à l’époque de Noël, "Krampus" propose de bonnes idées malgré son faible budget, le tout soutenu par la réalisation soignée de Michael Dougherty et par le casting composé de bons acteurs (notamment Toni Collette, David Koechner et Adam Scott) qui livrent ici des prestations honnêtes : il demeure un divertissement intéressant qui mérite le coup d’œil.