Le sapin brille sous la lumière des guirlandes électriques qui se reflète dans les boules rouges et or. Les enfants, décorateurs imparfaits mais enthousiastes, sont satisfaits de la parure clignotante et multicolore avec laquelle ils ont habillé l'inusable conifère de plastique. Ils sont la magie de noël, eux et eux seuls. Vous n'êtes que les faire valoir d'une lueur qui vous a quitté depuis longtemps.
Et pour cause ?
Le consumérisme exacerbé, la ruée vers le dernier cadeau à la mode, les vitrines qui usent de stratagèmes mécaniques pour hameçonner nos gosses qui frétillent déjà d'impatience. Et de retours à la maison, ils entourent la moitié du catalogue, convaincu que le nombre fait la joie.
Krampus le retranscrit très bien avec sa scène d'ouverture clichée mais qui tape juste sous les ralentis de visages rageurs et une musique légère contrastant avec ce moment de ruée vers les rayons. Petite critique facile mais juste.
"Moi, à mon époque, on n'avait qu'une clémentine et un morceau de charbon et on était heureux."
D'un extrême à l'autre, mamie ramène son grain de sel. Tonton Jean-Claude s'énerve de cet éternel "c'était mieux avant". Tatie Berthe fustige son frère du regard. De quoi il se mêle ce gauchiste incapable de garder un travail ? Papa tente de calmer le jeu. C'est Noël putain. On s'aime oui ou merde ? Oui on s'aime confirme Tatie Marie qui s'évertue à allumer le nouveau petit ami de ma sœur.
La famille, ces êtres qui partagent votre ADN mais dans lesquels il se peut que vous ne trouviez aucun autre point commun. Vous échangez sourires et banalités une fois l'an en noyant votre plaisir dans l'alcool et la nourriture. C'est comme ça. Noël, c'est le partage, la tolérance, un effort commun pour se supporter les uns et les autres, jusqu'à l'année prochaine.
Et c'est dans cette même veine que notre famille accueille avec anxiété ses invités. Sur le modèle politique américain, ce sont deux groupes diamétralement opposées estampillés républicains ou démocrates qui vont nous délecter de leur conflit. Car comme lors de la scène d'ouverture des achats compulsifs, Krampus joue la carte de l'honnêteté tonitruante et on rêverait de pouvoir appuyer aussi fort sur les blessures de nos voisins de table avec une franchise à balayer les dommages collatéraux.
Mais bon, trêve de pics et autres bassesses, si le côté comédie du début fonctionne, n'oublions pas qu'on est aussi devant un film estampillé horreur.
Et lorsqu'elle arrive sous les traits d'une ombre digne du bossu de Notre-Dame, mi-père Noël, mi bouquetin, le film glisse vers le conte de noël débridé et fantastique plus que vers l'épouvante. L'inquiétude pointe le bout de son nez mais elle sera de courte durée. Pas d'oppressions ni de suspense. Ici comme dans les histoires que l'on raconte aux enfants pour ne pas les endormir, la peur est très graphique. Un choix qui pourrait posséder un certain charme mais c'était sans compter sur la joyeuse bande d'hommes de main de notre "monstre", véritable caravane de tous les personnages de Noël dont le côté grotesque finira de me rebuter.
Le rire viendra plus du ridicule convenu de l'enchaînement des événements et des réactions improbables des personnages face à cette nuit déjantée que d'un réel sens de la comédie.
Krampus comme Pennywise saurait terrifier nos plus jeunes enfants alors que le film ne leur ait clairement pas destiné. Mais pour nous, pauvres parents cartésiens prêts à en découdre avec cette nuit symbolique, il ne sera rien d'autre qu'un film de Noël raté de plus malgré son originalité.