Michael Dougherty a commencé sa carrière en tant que scénariste auprès de Bryan Singer avec lequel il a écrit X2 ainsi que Superman Returns et il a d'ailleurs resigné une collaboration avec ce dernier en participant au scénario de X-Men: Apocalypse qui sort prochainement. En dehors de ça, Dougherty s'est très vite trouvé une passion pour le cinéma d'horreur, celui qui s'inspire avant tout des légendes urbaines et des contes macabres. Il a notamment signé un des opus de la trilogie Urban Legends et a débuté à la réalisation avec le très astucieux Trick 'r Treat en 2007, qui était un film d'horreur emprunts des contes et légendes entourant Halloween. Après 8 ans d'absences, le voilà de retour pour venir concrétiser son deuxième film qui cette fois-ci s'intéresse à un conte horrifique entourant Noël et qui s'impose dans un cinéma dans la continuité de celui de Joe Dante, se rapprochant par moments de son Gremlins. Universal fait le choix douteux de le distribuer en France bien après la période de Noël, ce qui lui assure déjà un succès limité chez nous, mais cela s'explique par le côté très américain du film, qui évolue dans des traditions et des croyances qui ne sont pas très populaire dans notre pays même si paradoxalement on n'a grandi avec à travers les productions ciné des années 80-90. Pour autant, Krampus à connu un joli succès à l’international et se montre plaisant par bien des aspects.
Le scénario, dans son genre, ne se ferra pas révolutionnaire. On nous présente deux archétypes de familles qui ne sortiront pas de leurs stéréotypes pendant toute la durée du récit et qui se montre pour la peine peut attachantes car elles n'ont rien de bien particulier qui les font sortir du lot. Néanmoins elles ne sont pas si stupides et même si elles sont dans certaines séquences cela fonctionne car elles sont avant tout caractérisées par des mécaniques de comédies. Le film affiche très clairement son ambition de faire quelque chose qui se situe entre l'humour et l'horreur, et placer des personnages typiquement issu des comédies US dans un pur film d'horreur permet d'avoir des situations assez loufoques et bien vues. Il est juste dommage que le film n'aille pas jusqu'au bout de ses intentions, déjouant souvent l'horreur par l'humour ce qui ne le rend pas terrifiant mais étant suffisamment tendu pour qu'il ne soit pas particulièrement drôle. On se retrouve donc face à un entre deux mal géré car il n'accomplit rien dans aucun domaine. L'intrigue est prévisible mais fonctionne grâce à une écriture solide qui malgré son côté trop classique ne connait pas trop de fausse note, nous donnant l'impression d'une série B bien menée. Le récit voulant aussi apporter une touche légèrement plus "méta" parlant d'une Amérique emprunt à l’hypocrisie et qui perd ses illusions sur ses propres valeurs plongeant dans l'artificialité et la violence gratuite. Tout ça étant symboliser par une ouverture habile dans un centre commercial en plein vendredi noir ou encore par des discours ironiques sur les armes à feu ou sur l'éducation dysfonctionnelle des enfants. La fin fait un peu une parabole avec tout ça, appuyant bien son aspect satirique avec un humour noir bien senti. Le film étant d'ailleurs très acide dans son ton, il ne prend en pitié personne et va jusqu'au bout de son délire, ce qui est assez appréciable.
Le casting est très bon et se situe dans les intentions du film en plaçant beaucoup d'acteurs de comédie dans un film d'horreur. Adam Scott se montre impeccable dans le genre, même si son rôle est un peu limité par la position de leader du groupe, il apporte suffisamment de conviction pour convaincre. Toni Collette et Allison Tolman sont toute deux excellentes dans leurs rôles de mères de familles différentes mais conscientes des enjeux et prêtes à tout pour protéger leurs enfants. David Koechner à probablement le rôle le plus caricatural du film mais arrive à dépasser ça en jouant de son formidable talent comique, étant un des seuls à être vraiment hilarant et le jeune Emjay Anthony impressionne par sa justesse de jeu et assure l'aspect plus émotionnel du film.
La réalisation est superbe, étonnamment superbe même pour un film qui aurait très bien pu se contenter du minimum et s'embourber dans les effets spéciaux sans âmes. Il y en a, ils sont d'ailleurs assez ratés et très visibles mais ils sont très peu nombreux. Le film fait le choix judicieux du maquillages et des costumes pour son bestiaire et l'approche se fait indéniablement payante. le monstre Krampus étant assez majestueux et dispose d'une imagerie assez forte tout comme ses jouets démoniaques ou encore des lutins. La photographie est elle aussi sublime, la majorité du film se passant sous une tempête de neige, les effets de blizzard sont parfaitement rendu et donne à l'ensemble un aspect apocalyptique. Le montage est efficace et le travail sur le son est impeccable, avec des musiques qui reprennent les sons typique de Noël pour les pervertir et leurs donner des détours inquiétants. La mise en scène de Michael Dougherty est efficace et ne cède pas systématiquement aux jumpscares faciles et grossiers. Il y en a mais ils sont limités, Dougherty préférant miser sur l'ambiance et l'imagerie forte chose très vite démontrer par la première apparition de Krampus, la mise en scène préférant le montrer dans toute sa grandeur et sa force plutôt que de le laisser hors-champ. Les build-up de tensions sont classiques mais efficaces et les scènes un peu plus énergiques sont suffisamment bien filmées pour être lisibles et satisfaire le spectateur. Après ça manque de vraies prises de risques et d'inventivité surtout que ce n'est pas aussi iconique et mémorable que ses illustres modèles mais ça fait convenablement le job.
En conclusion Krampus est un conte horrifique plaisant. Même si il ne fait jamais vraiment peur et qu'il n'est pas totalement drôle, il se montre indéniablement divertissant. On regrette surtout qu'il n'aille jamais au bout de ses intentions même dans la satire qu'il tente de dépeindre. Le film fini par avoir un petit côté insignifiant, on le regarde et on s'en amuse mais ça ne va pas au delà de ça. Malgré tout, ce qu'il entreprend il le fait de manière solide, il dispose d'un casting convaincant et d'une réalisation sublime qui s'impose par son savoir-faire et son envie d'authenticité à l'ère du tout numérique. Dommage cependant que la mise en scène manque d'audace malgré son efficacité et qu'elle se repose trop sur les films qu'elle tente de rendre hommage, comme par exemple Gremlins de Joe Dante.