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Jipis
40 abonnés
360 critiques
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4,0
Publiée le 7 juin 2012
Dans ses campagnes encore peuplées de toutes tranches d'ages chacun tient son rang.
Cela démarre de la jeune adolescente à la jupe microscopique découvrant ses premières lectures impures par l'intermédiaire de Guy des Cars père spirituel de tant de jeunes filles à la recherche d'expériences amoureuses en passant par le dragueur en Blazer haute cylindrée ajouté à la sympathique Grand-mère préposée aux épluchures et à la bonne tenue des latrines pour finir par le père à l'envie soudaine de plaisir distribuant l'argent de poche de sa fille au compte goutte.
Cette agréable compagnie s'exprime à l'air libre aux bord d'étangs cannes à pèches en mains ou dissimulés en meules de foins. Chacun en fonction de sa génération active ses procédures. Le père surveille, conseille, réprimande. La fille s'exhibe, aguiche, permet puis interdit soudainement certaines déterminations.
On se lave en bassine ou l'on urine sur le seuil de la porte. L'apéritif se déguste sur des tables dressées au soleil. Le curé vient se rincer la glotte afin de rougir davantage un visage déjà bien entamé.
Tout est bon enfant, les moqueries sont saines, respectueuses, tout le monde se connaît, s'apprécie dans une collectivité structurée par le bon air, les visages ont des couleurs loin des mauvaises humeurs citadines.
Les mains baladeuses entreprenantes mais condamnées à l'exploration réduite sont positionnées sur des territoires restreints toujours identiques.
Faute de mieux les bouches s'unissent en attendant l'inévitable passage à l'acte. Les préliminaires sont lassants trop répétitifs aux portes de cette première fois tant désirée autant que redoutée.
Cette jeunesse rurale protégée encore pour un temps de la contrainte d'une destinée profite à plein temps de ses sensations programmées dans une nature lumineuse épanouie par la bonne humeur et l'équilibre de ceux qu'elle accueille.
On se roule dans l'herbe en riant aux éclats, c'est du bonheur de haute cuvée dans un temporel émouvant nommé fraîcheur et naturel.
Alors que les Trente Glorieuses s'acheminent vers leur petite mort au cours de la décennie 70, des cinéastes français prennent chacun à leur mesure l'air du temps. Claude Chabrol débusque avec raffinement et malice les travers peu reluisants de la bourgeoisie provinciale tapis derrière les hauts murs des demeures cossues qui abritent les notables qui sans ostentation font la pluie et le beau temps dans les petites villes de la France profonde. Claude Sautet dont le cinéma reflète la nature angoissée, ausculte le malaise des mâles cinquantenaires de la classe dominante bousculés dans leurs certitudes depuis l'avènement du "joli mois de mai ". Pascal Thomas préfère fuir le tumulte parisien et rendre compte de la vie à la campagne comme elle existe encore à cette époque dans son Poitou natal. Il choisit le mode de la chronique familiale pour observer dans un cadre champêtre la cohabitation des générations à travers les amours adolescentes d'Annie (Annie Colé). Le père (Jean Carmet), la mère (Christiane Chamaret), la grand-mère (Hélène Dieudonné), Annie et sa petite sœur Friquette forment une fratrie où d'instinct chacun respecte l'autre essentiellement parce que les plus anciens n'ont pas oublié les enfants, adolescents et jeunes adultes qu'ils ont été. La liberté accordée à la jeune Annie qui semble tout obtenir de son père par un simple baiser montre que sur certains aspects la libération sexuelle prônée par la "révolution" de mai 68 n'avait pas attendu pour s'épanouir dans certains milieux et certaines contrées. Malgré le joli succès du film, spoiler: certains ont pu être choqués par l'expression assez libre des mœurs au sein de cette famille, y voyant même jusqu'à des relents d'inceste refoulé de la part du père parlant assez crument de sa fille avec son principal prétendant comme de la femme qu'elle est en train de devenir ou lui réclamant un bisou en échange d'une autorisation de sortie nocturne. C'est avoir l'esprit un peu tordu que d'imaginer que Pascal Thomas aurait à son insu ou parce qu'il la juge anodine, exposé de manière légère une telle déviance. La preuve nous en sera fournie quand la visite du parrain libidineux d'Annie (Daniel Ceccaldi) se soldera par une tentative claire d'abuser de la jeune fille sans doute interrompue par le rappel au bercail entonné par l'épouse légitime. Cette scène explicite, montre sans équivoque où Pascal Thomas situe la frontière entre l'affection innocente et le désir charnel . Passons aussi sur la célébration d'un machisme triomphant lue en sous-texte par certaines critiques féministes derrière le semblant d'émancipation sexuelle vécue par Annie qui comme Cendrillon après minuit alors que sa puberté sera définitivement éteinte, rejoindra la cohorte des femmes soumises à la domination de l'homme, fut-elle moins autoritaire que de coutume. Voyons plutôt dans "Pleure pas la bouche pleine" une ode à une vie proche de la nature qui donne le temps au temps, refusant le diktat d'un consumérisme triomphant dont le parrain parisien (Daniel Ceccaldi) avec sa caravane flambant neuve et le grand dadais à la Triumph (Bernard Menez) sont les symboles. Un envahissement que rien n'arrêtera plus, les quarante années qui viennent de s'écouler en témoignant de manière éloquente. Sur un plan plus formel, on appréciera la direction d'acteurs de Pascal Thomas qui tire le meilleur parti de l'attelage formé entre comédiens chevronnés et amateurs où Jean Carmet alors au creux de la vague livre sans doute une de ses meilleures prestations, encline d'un naturel dont lui seul savait faire preuve. La jeune Annie Colé et l'encore méconnu Bernard Ménez sont eux aussi comme des poissons dans l'eau. Quant à Daniel Ceccaldi, sa courte apparition est pour le moins savoureuse. Enfin la photographie de Colin Mounier qui fera plusieurs films avec Pascal Thomas rend un hommage vibrant aux doux paysages poitevins. Saisir la vie tout simplement n'est pas toujours chose simple au cinéma et Pascal Thomas s'y est employé à merveille dans la première partie de sa carrière.
Ce film est une pure merveille. Je l'ai vu à sa sortie et plusieurs fois depuis, toujours avec autant de plaisir. Nous avons tous vécu un moment de ce film (à l'adolescence et pour ceux qui vivent à la campagne) et comme Jean Carmet, je pisse où je veux quand je veux, nom de Dieu !
J'avais vu ce film à sa sortie, en 1973 ou 74, à l'époque, j'avais à peu près l'age des héros, et je l'avais trouvé génial !! (les acteurs, les dialogues...) mais je viens de le revoir maintenant, et patatras ! quelle déception. Je trouve tout ça très artificiel, vulgaire, mal joué, les acteur m'insupportent, à part peut-être Bernard Menez qui joue toujours son role de loser ridicule et attendrissant, rôle repris depuis par Michel Blanc pour les Bronzés ! Est-ce ma vision qui a vraiment changé, ou ce film est-il finalement très ringard et dépassé ? En le voyant, je me demandais comment un réalisateur américain aurait filmé la chose... je ne vois guère qu'American Pie qui est le plus ressemblant, et encore c'est beaucoup plus drôle !!! Enfin bon, je crois qu'il vaut mieux rester sur ses bons souvenirs quand on a bien aimé un film, et peut-etre ne pas chercher forcément à le revoir...
Encore une bluette humoristique de Pascal Thomas avec Bernard Menez. C'est frais et ca sent bon les seventies. Pour les fans de "a nous les petites anglaises" et "l'hotel de la plage". 3 / 5
encore une comédie énumérant plein de vérités (les vrais beaufs sont peut-être + proches de nous que l'on pense bien souvent...) malgré un complaisance un peu cachée qui peut, toutefois, ne pas plaire à tout le monde. Et puis il est vrai que Bernard Menez est impayable en séducteur - gagneur ! -
Ce film, c'est comme si je revoyais une partie de mon adolescence, au moins celle des "grandes vacances", quarante ans plus tard. On a beau dire, mais çà fait quelque chose...
peut etre , avec Jeux Interdits , le plus beau film sur la campagne Française , sa ruralité , ses caractéres delicieux magnifiquement observés ! Il n'a pris une ride , ce chef d'oeuvre de simplicité : il a rajeuni ! et surtout grace au talent géant de Jean Carmet , il nous la redonne à nous , la jeunesse ! Des larmes de plaisir devant tant de naturel .
C'est un film sorti en 1974. Un long film romantique. La campagne française durant l'été. De longues scènes. Des scènes entre cinq à dix minutes. Rare. Filmé dans un décor rupestre. Un grand Bernard Menes qui remplit les vides. De longues scéances de dragues de la part de Bernard Menes. Ce film est loin d'être un nanar.
Avec Pleure pas la bouche pleine, Pascal Thomas livre un petit instantané de la jeunesse provinciale des années 70 : drôle, insouciante et libre. Thomas prend le parti d'un certain naturalisme, et ne juge pas ses personnages, de sorte qu'on pense un peu à Pialat sur un mode plus léger, typique du cinéma populaire des années 70. Seule l'irruption de l'oncle - et cette scène nocturne terrible ! - vient perturber la quiétude de ce tableau pastoral réjouissant.
un film extrêmement sympatique,il y a une atmosphère bonne enfant qui ne lasse jamais.Pour tous ceux et celles qui souhaitent se rémémorer leurs amours d'adolescence avec toute l'innocence,le plaisir et le charme fou qui accompagnés les scenes de séduction et de drague.Un film qu'on ne se lasse jamais de voir.Cerise sur le gateau la musique qui l'accompagne est tout simplement sublime!
Même s’il est vrai que Pascal THOMAS s’est efforcé – avec un certain succès – de recréer l’atmosphère et les paysages de la France rurale des années 60 , le film souffre d’un excès de vulgarité tout à fait inutile, et qui n’est guère habituel chez lui. C’est d’abord du à la prestation caricaturale de Jean CARMET, qui a souvent prouvé qu’il pouvait mieux faire, rejoint par Daniel CECCALDI qui, pourtant, n’était pas coutumier du fait. Il n’empêche, la séquence de harcèlement qui a failli précéder le viol de sa filleule Annie en est un triste exemple. Comme si cela ne suffisait pas, le réalisateur nous inflige la présence quasi constante de son acteur-fétiche du moment, Bernard MENEZ. Inutile de préciser que dans le rôle du crétin glorieux, il est imbattable, avec sa Triumph TR 4, son blazer de collégien britannique et ce vernis de bonne éducation qui accentue encore le côté ridicule du personnage. C’est d’autant plus triste que l’interprétation de Annie COLE s’en trouve appauvrie, alors qu’elle fait preuve d’un réel talent, et que le ton général du film bascule de la nostalgie à une farce lourdingue de très mauvais goût. Heureusement, par la suite, le réalisateur a prouvé qu’il pouvait faire beaucoup mieux avec le très juste et très sensible « Confidences pour confidences » ou le cocasse - mais pas vulgaire - « Les maris, les femmes, les amants ».