Au vu du rôle essentiel que tiennent les chaussures dans certaines répliques de ce film, impossible pour mon blog de passer à côté.
Ainsi invite-t-il mes bottes emplumées à marcher en Turquie, suivant les pas de cinq sœurs – de la plus âgée à la plus jeune : Sonay (Ilayda Akdogan), Selma (Tugba Sunguroglu), Ece (Elit Iscan) , Nur (Doga Doguslu) et Lale (Gunes Sensoy). Chacune au cours du film s’illustre comme une réponse au constat de départ : « un instant, on était tranquille. Aussitôt après, c’était la merde. » Ça a le mérite de la clarté. L’une trouvera le début d’un espoir dans les bras de celui qu’elle aime. L’autre se heurtera avec dépit à la suspicion familiale – injustifiée -, dans un mariage arrangé où les traditions sont dépeintes sans l’ombre d’une compassion. L’unique question centrale ressort comme un coup de poing balourd sur une table : « mais est-ce qu’elle est toujours vierge ? ». Une autre encore connaîtra la fin la plus tragique, amenant aux les deux suivantes à un mouvement de révolte aussi soudain que sauvage, une ruée dans les brancards qui répond si bien au titre du film. Ces cinq pouliches se retrouvent en effet élevées dans une écurie d’un nouveau style, où les barreaux s’installent petit à petit jusqu’à ce qu’elles soient toutes présentées à l’étalon digne de les saillir. Charmant. Et elles ne décident de rien, toujours engoncées dans cette famille étouffante. « L’usine à épouses » devient à la fin un problème pour les geôliers, ne sachant plus par où entrer pour forcer les filles à sortir.
Pourtant, la cruauté de ce décor se voit teintée d’une curieuse allure de conte de fées : cette lumière solaire chaude, ces chevelures abondantes et soyeuses, Yasin (Burak Yigit), ce héros d’un autre style imploré par Lale comme un chevalier au secours de sa princesse, recluse dans une tour-prison. En fait de destrier, il arrive au volant d’un camion – nouveau style, on a dit. En fait de robe couleur de lune, elle porte des baskets et un jean. Qu’importe : l’urgence du sauvetage est la même, sauf qu’ici, difficile de déterminer qui pourrait être la méchante fée de l’histoire, ou l’ogre. Peut-être bien l’oncle Erol (Ayberk Pekcan, magistral), violent, aveugle, exigeant l’exemplarité de ses nièces…
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