Je ne voulais pas forcément voir Mustang, peur que ça soit trop bienpensant et progressiste pour moi. Faut bien savoir que bon... le "progrès" je n'aime pas forcément ça... surtout lorsqu'il implique de renier les traditions pour "embrasser" la décadence. Et ce film c'est exactement ça, c'est ce que je craignais, sauf que c'est un film merveilleux... avec quelques défauts, certes... mais qui reste de toute beauté.
Alors dans les quelques reproches je mettrai éventuellement le destin un peu étrange d'Ece (?) (alors certains me diront avec raison que ça n'a pas à être expliqué), les sous-entendus sur l'oncle dont on aurait pu se passer, ou le passage où l'on retire tous les trucs nuisible et où on retire des trucs totalement risibles... (alors qu'elles gardent leurs shorts ras la touffe). Disons que ça vient appuyer de façon totalement artificielle le côté progressiste du film. Parce que le fond du film est bel et bien ignoble, il n'y a nul doute à avoir là-dessus... Un film qui n'hésite pas à exagérer à mort pour faire passer sa petite propagande décadente. Parce que bon... faire croire que des filles qui montent sur les épaules des garçons se branlent (sic) sur leur cou, c'est un peu gros...
Je vais me faire l'avocat du diable, mais bon le mariage de raison, c'est pas si con... je ne crois pas en l'amour, je crois dans le désir, la passion charnelle, la folie... pas étonnant que les mariages "d'amour" finissent en divorce... l'amour ne dure qu'un temps. Bien que je ne sois pas pour forcer les gens non plus.
Par contre j'ai adoré le film bien que je déteste le fond... pourquoi ? parce que malgré ça, ben c'est un film solaire, un film d'une beauté rare, cette réalisatrice sait filmer ces jeunes filles dans leur quotidien avec une approche quasi naturaliste... rendant le tout avec une justesse absolue... alors c'est au service de quelque chose d'honteux... mais peu importe... Le triomphe de la volonté reste un film au fond très douteux et un chef d'oeuvre, c'est un peu pareil ici...
J'ai eu les larmes aux yeux pendant presque tout le film parce que c'était juste beau... sans doute car même si on ne sait pas grand chose de ces filles, on les connaît, on se sent proche d'elles car il se passe quelque chose, elles rayonnent à l'écran... elles existent... et dieu sait que c'est rare les films qui arrivent à faire ça... l'an dernier il n'y en a eu que deux des films qui arrivent à filmer des enfants/ados, P'tit Quinquin et Bande de filles.
L'autre raison pour laquelle j'ai été profondément ému c'est qu'on parle de concret avec ces filles qui existent... et quelque part, malgré tout, j'ai quand même de l'empathie pour les personnages lorsqu'ils existent... du coup entre la théorie et la pratique du mariage de raison, ben il y a un écart... c'est pour quoi qu'il ne faut pas laisser l'affect s'emparer de nous dans la réalité et que la fiction est là pour ça... faire ce qu'il faut en vrai et s'émouvoir dans la fiction qui est belle et vraie.
Le film multiplie les moments de pure beauté, de tendresse, de joie... même s'il est très triste... il ne tombe pas dans le piège du misérabilisme ce qui fait quelque part passer son message totalement au second plan... on voit juste des filles vivres et vouloir être libre... et ça j'aime... car je pense que les faibles sont faits pour être dominés et les forts doivent se battre pour leur liberté... et la jeune fille, la petite, elle est forte mine de rien... elle se bat... elle sait ce qu'elle veut... seule contre tous, même contre ses soeurs.
J'ai adoré la fin... pourquoi ? car ça réveille le rousseauiste en moi... alors je ne veux pas la révéler mais ça veut dire que l'état a réussi quelque chose... et ça ça donne du courage ! ça donne peut-être encore l'illusion que la démocratie/république a peu peut-être un sens et un intérêt !
Bref c'est un film à voir parce qu'il est beau... certes détestable dans son fond, mais son fond est éclipsé par la beauté de ce qu'il propose, cette quasi absence d'intrigue... le fait se recentrer totalement sur ses personnages, sur leur lutte, sur leur désir de liberté, sur leur bonheur... ça suffit totalement...
En tous cas il m'a totalement emporté...