Truman est un film magnifique sur l'amitié. La vraie. Un face à face entre deux hommes, l'un devant la maladie et son choix de finir dans la dignité, pendant que le deuxième l'accompagnera. Scénario casse gueule, s'il en est. Le long-métrage du réalisateur/scénariste, Cesc Gay, multi récompensé, aux derniers et prestigieux Goyas, en particulier, est d'une parfaite ingéniosité, évite tous les pièges et fait preuve d'une grande finesse et d'une grande maîtrise. Le trouble ressenti ne sombre à aucun moment dans le pathos. Des passages d'une intensité forte à d'autres moments plus légers ponctuent le film. Les retrouvailles d'un fils qui vit à Amsterdam, un voyage en avion accompagné de dialogues plein d'humour, les rendez-vous pour une éventuelle adoption de Truman, le chien magnifique, la lâcheté d'un prétendu ami et directeur de théâtre, ou plus encore, ces face à face silencieux où seule la présence reste importante, sont autant de moments qui laisseront en mémoire des traces indélébiles et ramèneront les pensées vers l'essentiel. La vie, les relations amoureuses, l'acceptation, et ce partage magnifique qu'offre l'amitié. Celle qui donne et "ne demande rien en retour". La formidable Dolores Fonzi, déjà remarquée dans Paulina, le très beau film de Santiago Mitre, confirme son grand talent. Sa seule présence irradie l'écran. Des acteurs, fidèles du réalisateur, dans les rôles principaux sont éclatants de justesse. L'excellent Ricardo Darín, connu et reconnu, fait preuve avec ce film, et si besoin était, qu'il peut tout jouer. Javier Cámara ne se départit pas d'une drôlerie bienvenue tout en restant, dans d'autres passages, d'une parfaite sobriété. Oriol Pla, dans le rôle du fils, est une belle révélation. Eduard Fernández et Javier Gutiérrez, dans de simples participations sont parfaits et complètent un excellent casting. Un film coup de cœur, dont on ne sort pas indemne, mais qui restera pour ma part, un très grand moment de cinéma.