Durant cet été, on a vu se détacher (facilement) Comme un avion pour représenter la meilleure comédie française. Mais c'était sans compter sur le talent du réalisateur de La science des rêves, pour insuffler dans ces salles bien obscures un soleil qui fait un bien fou. Les responsables de ce bien être ? Microbe et Gasoil, deux gosses qui s'imaginent une vie hors du commun.
Gondry se réinvente de nouveau en signant une comédie poétique, aussi nostalgique qu'hilarante. Ces deux enfants, en avance, sur leur temps, sont en total décalage avec la société (familiale, scolaire) dans laquelle ils sont. Sorte de fable autobiographique (Microbe est le double enfantin du cinéaste, qui n'a jamais vraiment grandi), Microbe et Gasoil est un pur produit de l'imaginaire Gondry. Eux aussi se réfugient dans des délires mécaniques archaïques et dépassés. Eux aussi se servent de leurs mains comme principal moyen d'expression. Eux aussi, enfin, sont de petits génies poétiques, faussement arrogants, réellement complexés.
Par ce film, le cinéaste nous fait retomber en enfance par la plus belle des manières. Ses dialogues percutants, son sens de l'humour décapent et sa magie cinématographique nous invitent à un fabuleux récit initiatique, où se déroule sous nos yeux la naissance d'une amitié, non moins fantastique. On sait également que Gondry a une profonde attache pour le souvenir (Eternal Sunchine..., L'épine dans le cœur) et le retour vers le passé (Soyez sympa, rembobinez). Même si sa dernière œuvre s'inscrit dans le présent, toute l'atmosphère se rapporte vers le temps jadis, là où le numérique n'a pas sa place et où seuls comptent les exploits manuels. Voilà l'exemple type d'un homme qui a su préserver son art tout en proposant quelque chose de neuf, d'innovant et de sincère. Monsieur Gondry, un grand merci.