« Victoria » part avec plusieurs handicaps : déjà le titre n’est pas très excitant, l’affiche est plutôt naze dans son genre, et puis…c’est un film allemand...Autant dire que c’était mal engagé. Et pourtant !
Victoria est une jeune madrilène fraîchement débarquée à Berlin, la très hype capitale allemande.
La jeune femme aime sortir mais elle ne connait pour ainsi dire personne. Alors quand à la sortie d’une boite où elle s’est un peu éclatée en solo, une bande de mecs bourrés, un peu relou mais assez marrants l’accostent pour finir la soirée ensemble, la demoiselle se laisse tenter.
« Victoria » est ce genre de film, un peu comme « Boulevard de la Mort » par exemple, qui nous balade un long moment sans savoir à quelle sauce on sera mangé. Pendant une bonne partie du film en effet, on suit la joyeux bande déambuler, sans s’ennuyer, mais en se demandant où le réalisateur va nous emmener et quand l’action va basculer. Il y a d’ailleurs plusieurs « fausses pistes » qui mènent un peu le spectateur en bateau.
Filmé « caméra au poing » et en un seul plan-séquence de deux heures vingt, « Victoria » a été tourné en très peu de prises et avec un certain nombre d’improvisations de la part des acteurs, ce qui le rend particulièrement « vrai ». C’est sans aucun doute ce parti pris qui lui confère le plus sa « personnalité ».
Soigné esthétiquement, avec des musiques discrètes mais réussies, l’œuvre de Sebastian Schipper est une ode au « no tomorrow », à l’instant présent, à la liberté et à l’amour pur mais sans avenir.
Mais il y a aussi des thèmes plus sous-jacents mais bien présents, comme la place de l’individu dans la société, les normes ou encore le droit à une seconde chance.
Servi par des acteurs, certes quasi inconnus chez nous, mais dont la performance est assez époustouflante, « Victoria » est un film intense et touchant. Car si l’histoire en tant que telle est assez simple et peu originale, l’approche, elle, l’est davantage et le film parvient à réunir tous les ingrédients nécessaires pour le rendre unique.
Attention, plus encore que d’habitude, il est conseillé d’aller le voir en en sachant le moins possible sur le scénario. De même, difficile d’imaginer que les visionnages suivants auront le même intérêt, alors regardez-le en vous y disant que ce sera peut-être la seule fois. Et après tout, ce sera cohérent avec l’esprit du film !